En dépit de toutes les entraves financières, d'imprévus de dernière minute et autres tracasseries administratives, Dimajazz poursuit sa belle aventure. La quatorzième édition affiche un bilan globalement positif. Sur le plan musical surtout, les organisateurs sont satisfaits et considèrent que Dimajazz 2016 a tenu toutes ses promesses. Selon le commissaire du festival, Zoheir Bouzid, « artistiquement parlant, l'édition a été assurée à 100% et c'est le premier souci des organisateurs. Nous sommes contents surtout par rapport aux difficultés financières. Ce n'était vraiment pas facile de monter un festival avec seulement le quart du budget de l'année dernière ». « C'est le festival de la ville, l'essentiel est de le maintenir sans discontinuité. Nous avons prouvé que nous sommes capables de relever n'importe quel défi. Le choix de faire appel à Smoke pour animer la première partie de la clôture du festival n'est pas anodin. Nous avons retenu un groupe constantinois par rapport à notre politique d'encourager la scène locale. Et franchement, ils ne m'ont pas déçu, loin de là, ils nous ont tous surpris par leur niveau », nous a-t-il confié. Noureddine Nesrouche, chargé de la communication au commissariat, est du même avis : « Nous sommes très satisfaits malgré toutes les difficultés. Le festival s'est tenu et s'est terminé en apothéose. Nous n'avions pas eu le choix concernant la période, chose qui nous a beaucoup stressés. Mais après plus de dix ans d'expérience, je peux vous dire qu'on ne se laisse pas faire, nous mettons toutes notre énergie et notre savoir-faire pour réussir. » Ces problèmes inhérents amènent forcément les organisateurs à réfléchir sur l'avenir du festival, comme nous le précise Noureddine Nesrouche . « Ce qui nous manque en Algérie, c'est la culture du sponsoring pour les festivals de musique. Nous avons eu des sponsors derrière nous, mais ça reste insuffisant. Par ailleurs, nous sommes favorables pour la tenue du festival durant la saison du printemps, fin avril pour être plus précis, date qui coïncide avec la Journée internationale du jazz, mais encore une fois, cela ne dépend pas de nous, il y a beaucoup d'imprévus et on aimerait que les choses se stabilisent pour pouvoir travailler sereinement ». Soirée exceptionnelle La tenue du festival en ce mois de novembre a quelque peu perturbé l'organisation. Cela s'est fait ressentir sur l'affluence en légère baisse cette année par rapport aux précédentes éditions. Toutefois, le public a répondu présent pour la soirée de clôture animée par les groupes Smoke et Nojazz qui fut exceptionnelle. Pleine de couleurs, elle a réuni deux formations pleines d'énergie mélangeant différents styles : blues, rock, jazz, funk, soul ou raï. En première partie, le groupe constantinois Smoke a fait sensation en proposant des reprises de standards de funk ou de soul, puis cinq titres de leur propre composition : Pain for love, Quatorze (en hommage à la quatorzième édition du Dimajazz), Dalila (du rock algérien sur fond raï), Lamouni et Avendayer. Autre ambiance avec les Nojazz de France, plus dynamiques qui mélangent le funk, la soul, le jazz et beaucoup d'électro. Pour sa première venue au Maghreb, ce groupe, qui a eu beaucoup de succès dès la sortie de son premier album en 2002, a rapidement conquis la salle Ahmed-Bey. « Le public est incroyable et très mélangé avec des enfants, des jeunes et des femmes. Dès les premiers morceaux, nous avons remarqué beaucoup de sourires. J'ai filmé le public avec mon téléphone parce que l'ambiance est extraordinaire, l'image de notre soirée voyagera, histoire de montrer ce public merveilleux que nous avons eu ce soir », nous dira Phillip Sellam, le saxophoniste de la formation.