L'homme politique, altermondialiste et sociologue suisse a rendu un vibrant hommage à l'ancien président de la République (1962-1965), Ahmed Ben Bella, le qualifiant d'homme « libre qui pensait juste ». Dans une tribune parue dans le mensuel Afrique Asie, intitulée « Merci Ahmed Ben Bella », Ziegler a considéré que Ben Bella, décédé le 11 avril 2012 à l'âge de 96 ans, était « de haute stature et s'est tenu droit jusque dans son très grand âge », soutenant qu'au-delà de l'histoire maghrébine, « il appartient à l'histoire du monde ». « C'est lui qui a accueilli Che Guevara et les autres dirigeants de la Conférence tricontinentale à Alger, transformant ainsi la ville en capitale internationale de la solidarité », a précisé l'auteur du livre « Chemins d'espérance. Combats gagnés, parfois perdus et que nous remporterons ensemble » (Seuil, 2016). Pour lui, l'ancien chef d'Etat algérien, qui aurait eu 100 ans le 25 décembre prochain, incarne, dans sa personne et dans sa vie, « presque idéalement les caractéristiques et les qualités de la Révolution algérienne : intraitable volonté d'indépendance, courage physique et moral, finesse d'esprit maghrébine, attachement au bonheur, irrésistible désir de solidarité avec ses compatriotes et avec les peuples du monde ». Ziegler a rappelé, dans ce contexte, que « les insurgés algériens, dans une guerre atroce de sept ans, ont vaincu la plus puissante armée coloniale de leur époque. Ils ont conquis la liberté des leurs, construit une nation puissante et ouvert la voie à la décolonisation de l'Afrique tout entière ». Dressant son portrait, il relève que le défunt « n'était pas un grand intellectuel, mais un homme qui pensait juste », soulignant qu'en le côtoyant, il trouve que dans ses récits, Ben Bella était « totalement libre, exempt de toute forme de vanité ou de ressentiment ». « D'un humour discret, il était capable d'autocritique, qualité rare chez les anciens chefs d'Etat », allant jusqu'à avouer s'être « complètement » trompé dans sa politique agricole, en important aux paysans algériens d'improductives fermes d'Etat selon « l'absurde » modèle soviétique. Par ailleurs, l'homme politique suisse regrette que le défunt n'avait pas écrit ses mémoires, malgré ses tentatives auprès de lui, faisant constater que « de sa parole, hélas, il ne reste aujourd'hui que quelques discours et cette série d'entretiens qu'il a concédés à deux journalistes particulièrement tenaces de la télévision Al-Jazira ». Sur un autre plan, Ziegler a rappelé, dans son hommage, que l'Algérie, une fois l'indépendance conquise, cette « nation indomptable » est devenue « la grande puissance de la Méditerranée méridionale ». « Mais des forces obscures, sinistres, mues par l'envie et la volonté de briser l'insoumise, ont tenté, durant une décennie sanglante, de détruite de l'intérieur l'Algérie souveraine », a-t-il soutenu, relevant que « l'Algérie a vaincu » et pour guérir ses plaies, réunifier la nation, le président Bouteflika a promulgué une loi sur la réconciliation nationale « visionnaire ».