De plus en plus de femmes meurent d'hémorragie suite à un avortement à risques, c'est-à-dire une interruption volontaire de grossesse (IVG) clandestine. Tel est le constat fait par des experts lors d'une rencontre sur la situation en matière de santé reproductive organisée, hier, à Alger l'association algérienne de planning familiale (AAPF). «Les pouvoirs publics sont plus que jamais interpellés pour mettre en œuvre un programme de lutte contre ce type d'avortement », estime Mme Tarikt, membre de l'AAPF. Problème : il n'y a pas de chiffres officiels du fait que l'avortement en Algérie est interdit. Une enquête nationale sur la santé maternelle réalisée en 1999 a révélé le taux 5,5% de décès dû à un avortement. « Seul l'avortement thérapeutique est permis », souligne l'intervenante. De ce fait, l'AAPF exhorte les pouvoirs publics à prendre en charge ce problème en incitant les jeunes à se protéger d'autant que les moyens de contraception existent y compris la pilule d'urgence disponible dans les centres de protection maternel et infantile (PMI). Car pour le Pr Chafi, membre de l'AAPF, les complications induites par des avortements à risques mènent au décès ou à un handicap majeur. « Il faut informer, éduquer et communiquer partout là où il y a des jeunes pour expliquer les dangers de l'avortement à risques », soutient le Pr. Chafi. Le Pr. Jacqueline Belkhodja, ex-chef du service maternité à la clinique Durando de Bab El Oued et vice-présidente de l'AAPF, est aussi convaincue de la non-disponibilité d'informations sur l'avortement à risques. Les actions de l'AAPF sont justement de faire connaître les causes de ces avortements qui entraînent les décès. Parmi les causes, il a été relevé l'insuffisance d'éducation sanitaire, le non-recours à la contraception pour éviter les grossesses non désirées. « Il est impératif de faciliter l'accès à la contraception et de faire connaître le droit à l'avortement thérapeutique de façon à ce que les femmes s'adressent aux structures sécurisées pour que leur santé ne soit pas en danger car dans notre société la religion interdit l'avortement », souligne le Pr. Belkhodja.