Photo : Fouad S. A l'ouverture du festival du film amazigh, samedi passé à la salle omnisport d'Azeffoun, et vu le caractère très «berbère» de cette manifestation, on s'attendait à voir des groupes «d'Idebalène» déambuler sur scène. Mais surprise ! Du classique pur et simple est mis au devant de cette même scène. En hommage à un grand compositeur, kabyle certes, mais qui a versé et brillé dans la musque de Mozart : Mohamed Iguerbouchene. C'est l'orchestre philharmonique de Batna, dirigé par Meliani Hanafi, qui a ouvert le bal, agitant un éventail colorié, sous le pinceau de Beethoven et de Vivaldi. Un clin d'œil à «la kabyle» tout de même, à travers la fameuse «Djurdjura» d'Iguerbouchene. Et pour finir, une composition du chef-d'orchestre, «Une valse d'espoir», qui a bercé un public de choix, composé notamment de nombreux artistes, Ait Menguelet, kamel Hamadi, el Ankis, Hamidou, Charcham, … L'orchestre surprend par la qualité de sa prestation qui fait honneur aux habitants des Aurès. Une prestation que la sonorisation, de qualité moyenne, n'a pas pu, fort heureusement, en altérer les intonations et réussi même à s'imposer dans le brouhaha général. Parmi les spectateurs, une petite fille assise sur les genoux de son papa, qui la suit avec émotion , imitant même les instructions en mouvement du maestro. L'autre surprise de la soirée est signée par Kamel Hamadi. Sur une musique de Mohamed Iguerbouchen, il crée une magnifique chanson dont les paroles sont de son œuvre. Un hommage à tous les artistes d'Azeffoun. Autour de cette chanson, interprétée en chœurs par kamel Hamadi lui-même et par d'autres artistes, tels Abdelkader Chercham, Hamidou, Rachid koceila, Taoues…un clip réalisé par Hamza Ait Mohand. Sur un fond d'images fabuleuses d'Azeffoun et les portraits de ses illustres artistes, kamel Hamadi et ses compagnons chantent (en kabyle) : « Ad cekkrey wid iceffun, d wid yessnen ad d-snulfun, Achal d isem yecrurqen, I t-id yefkan d azffun (louanges à ceux qui se souviennent et à ceux qui savent créer. Que de noms se sont illustrés, Tous par Azeffoun enfantés… ) Et pour compléter l'hommage, le commissaire du festival El Hachemi Assad, offre un trophée de l'olivier d'or à Azeffoun que son maire, Hacen Ouali a réceptionné. «C'est l'hommage du pays à une ville», estime M. Assad. Pour sa part, M. Ouali a tenu à préciser qu' Azffoun n'a pas enfanté que des artistes et intellectuels mais aussi des moudjahiddine. «700 moudjahids sont tombés au champs d'honneur », fait-il savoir. Après la musique, le cinéma. L'ouverture s'achève par une projection en avant-première du film documentaire sur Tahar Djaout, «Un poète peut-il mourir ?» d'Abderrezak Larbi Cherif. Un film qui élève la voix du poète, écrivain et journaliste criant très fort «que le linge de la famille se lave dans le sang ». Le réalisateur a fait parler des personnalités diverses de la presse, de la littérature et de l'art. Mais le témoignage le plus poignant reste celui de Tassadit Djaout, la sœur de Tahar Djaout qui, par ses souvenirs, compense un peu l'absence de l'illustre poète dans pratiquement toutes les images du film. Le documentaire, en effet, n'en affiche que très peu de celles de Tahar Djaout. Et c'est peut-être là, l'une de ses faiblesses. Cependant, la sœur, les amis et collègues, les habitants de son village natal ont réussi à nous dresser le portrait vivant d'un être simple et généreux dans le geste, profond dans la pensée et poète dans la parole.