L'Orchestre philharmonique d'Alger a séduit tant les passionnés de l'art lyrique que le grand public. C'est en présence d'un public nombreux, et en collaboration avec la troupe parisienne Hymnodie, que l'Orchestre philharmonique d'Alger, sous la direction du maestro Amine Kouider, a interprété, avec virtuosité, Les Noces de Figaro, un opéra en quatre actes orchestré par Mozart d'après la pièce de Beaumarchais Le mariage de Figaro. Le chef-d'oeuvre de Mozart, qui, servi par la féerie lumineuse la magie et la beauté des décors, est à la fois si simple et si joli et sans oublier le professionnalisme de notre orchestre philharmonique, a séduit les mélomanes mardi dernier, ainsi, que mercredi, au Palais de la culture. La virtuosité de cet opéra, est entièrement soumise à l'expression dramatique et rejoint ainsi la spontanéité du théâtre parlé, paré de toute la richesse de la voix chantée, dans certains cas, c'est même à l'orchestre qu'est confiée la mélodie qui est en charge de la conduite dramatique. Les Noces de Figaro est un enchevêtrement de chassés-croisés amoureux. Figaro est le serviteur du Comte Almaviva. Il prépare son mariage avec la servante Suzanne lorsqu'il apprend que le comte poursuit celle-ci de ses assiduités. Bartolo et Marcellina complotent de leur côté pour que Figaro épouse Marcellina. Un jeune page Cherubino est secrètement amoureux de la comtesse et celle-ci se languit de son comte qui la néglige. Après maints rebondissements, déguisements, faux-semblants et coups de théâtre, les couples s'accordent et tout finit dans le mariage ou le pardon. Ce qui ressort de l'opéra, à un degré moindre toutefois par rapport à la pièce de théâtre d'origine, c'est la satire sociale. Les serviteurs donnent des leçons de morale aux nobles, car ceux-ci sont incapables de tenir leur rang quand il s'agit de noblesse de caractère. En faisant de Figaro un homme certes emporté, mais plein de bon sens, la pièce comme l'opéra raillent la personne du comte et les gens de son rang. Son honneur reste sauf car il regagne le coeur et le pardon de son épouse. Mais il ne passe pas loin de la correction. Dans cette comédie échevelée, les personnages sont inversés dans leurs rôles sociaux et pourtant cette petite société fonctionne. La porte s'ouvre ainsi doucement sur l'abolition des privilèges devenus de plus en plus difficiles à justifier. Premier opéra de la maturité de Mozart, Les «Noces de Figaro» continue d'éblouir par son incroyable feu d'artifice qui allie une musique divine à un livret brillant, moins politique que la pièce de Beaumarchais mais tout aussi spirituel. La pièce de Beaumarchais possédait un caractère sulfureux qui a effrayé la cour de l'empereur d'Autriche des années 1780. Pourtant, après des promesses d'édulcoration, l'empereur donne son feu vert à Mozart pour la composition de l'opéra. Ne pouvant pas s'appuyer sur l'aspect de satire sociale, les auteurs ont eu le génie de garder le rythme infernal de la comédie. Et ils le font en dépeignant des personnages d'une forte humanité, ce à quoi le public de l'opéra-bouffe n'est pas habitué. Avec des personnages pleins de consistance et sur un livret superbement réussi, Mozart compose une musique vive, mélodieuse et enchanteresse. Il y montre une parfaite maîtrise des atmosphères, en ménageant des espaces de gravité dans l'infernale machinerie de l'opéra. Ainsi, l'Orchestre philharmonique d'Alger a séduit tant les passionnés de l'art lyrique que le grand public qui a découvert Les Noces de Figaro de façon originale, dans un cadre offrant une scène empreinte de magie et de somptuosité qui contribue à créer une atmosphère inoubliable. Lorsque Les Noces de Figaro fut présenté au Palais, le public algérois s'est incliné devant cette prodigieuse réussite dramatique que «seul l'opéra peut réussir et qui est interdite au théâtre.»