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L'Algérie en passe de retrouver son destin de grande puissance régionale Selon le président de l'Institut de prospection économique du monde méditerranéen
L'Algérie est en passe de retrouver son destin de « grande puissance » en Méditerranée et en Afrique, d'après le président de l'Institut de prospection économique du monde méditerranéen (Ipemed, Paris), Louis Guigou. Il assure que « sans bouleversements intempestifs, l'économie et les mentalités se transforment en profondeur ». « Se dessine une vision ambitieuse et historique pour les Algériens, mais aussi une vision qui doit parler aux Méditerranéens, aux Africains et aux Européens », explique-t-il dans une analyse publiée par le quotidien économique français La Tribune. Pour lui, l'Algérie emprunte deux chemins qui traversent son territoire. « Le premier, c'est celui de l'industrialisation du Nord de l'Afrique, de l'Egypte au Maroc, avec l'Algérie au centre. Le second chemin, selon un axe Nord-Sud, c'est celui de la Dorsale Transsaharienne, d'Alger à Lagos, contribuant au développement du Sahel, tout en reliant l'Afrique du Nord à l'Afrique subsaharienne », indique-t-il. Il soutient, à propos de l'Algérie, que le thème de la diversification industrielle est au centre des réflexions et des propositions. « L'Algérie prend ainsi, progressivement, avec une place centrale grâce à sa position géographique et à l'abondance de ces matières premières et énergétiques, le chemin de l'industrialisation de la rive sud de la Méditerranée », signale-t-il, estimant que la Ruhr du XXIe siècle pourrait être nord-africaine. Il y a, selon lui, un mouvement historique de grande ampleur qui positionne le Nord de l'Afrique comme la grande zone industrielle en complément de l'Europe. Les entrepreneurs européens, souligne-t-il, commencent à comprendre les bienfaits de la coproduction et du partenariat, avec un pied au Nord et un pied au Sud, sur leur chaîne de valeurs. « L'Algérie entend profiter de ce mouvement, tant ses richesses minières et humaines et sa profondeur africaine lui attribuent un rôle stratégique », dit-il, notant que ce premier chemin d'industrialisation est d'autant plus pertinent pour engager le pays qu'il se croise avec un deuxième chemin Nord-Sud que les Algériens veulent et vont construire. Il a précisé que ce second chemin, en chantier, est celui du transport, de la logistique de la communication, des connexions gazières et du développement du Sahel. Cela dit, l'Algérie aura à surmonter trois difficultés : faire revenir ses élites de France, d'Europe et d'Amérique, retrouver le chemin de l'intégration et de la coopération maghrébine et réconcilier la France et l'Algérie. « Les Algériens et les Français sont à la Méditerranée ce que les Allemands et les Français sont à l'Europe : des frères ennemis qui doivent redevenir de vrais bons amis capables de construire ensemble leur avenir mais aussi l'avenir au sein d'un ensemble Afrique-Méditerranée-Europe, transformant les relations Nord-Sud en relations de confiance, de coproduction et de mobilité généralisée », estime-t-il.