Le baril de pétrole a atteint 56,37 dollars ces derniers jours. Cette hausse est due à la dernière décision des pays non Opep ayant annoncé une réduction de leur production de 600.000 barils/jour. « Oui, cette hausse a une incidence directe sur les cours du pétrole suite à la décision des pays non Opep, mais il faut souligner aussi qu'il ne s'agit pas d'une importante augmentation des prix compte tenu de la baisse sensible de la production décidée par les pays Opep et non Opep estimée à 1,2 million de barils/jour », a indiqué Farid Aït Ali, expert économique. Précisant que cette forte baisse de la production de pétrole devrait « entraîner une hausse plus importante des prix », il a imputé cette « timidité » de la réaction à « une prudence » du marché mondial du pétrole. « La hausse des prix est prévisible étant donné que la demande en pétrole sera plus importante en 2017 et que l'écart entre la production et la consommation sera nettement réduit, grâce à la décision de baisse de la production mais nous constatons que le marché est très prudent et cela est dû au ralentissement des producteurs de schiste américains qui observent le mouvement du marché », a-t-il expliqué. Avec 500 puits forés et non complétés, les producteurs de pétrole de schiste américains attendaient les résultats des différentes réunions tenues pour réguler le marché mondial de pétrole, pour décider du sort à donner à tous ces investissements. « Si les producteurs ne suivent pas en mettant sur le marché de grandes quantités de pétrole de schiste, les prix du pétrole peuvent atteindre, dans les proches mois, la barre des 60 dollars. S'ils réagissent autrement, nous allons assister à une nouvelle réduction des prix du pétrole », a-t-il indiqué. Une situation qui risque d'influer sur le degré d'engagement des pays concernés. « L'effondrement des prix du pétrole peut provoquer le phénomène inverse à toutes les décisions prises cette année, dans la mesure où chaque pays membre ou non de l'Opep tentera de revenir à son ancien quota pour pouvoir récupérer une partie des gains », a-t-il indiqué. Pour 2017, la situation ne risque pas de connaître de grands changements et les prix, sauf en cas de phénomène exceptionnel, ne vont pas connaître une nouvelle augmentation. « Il ne faut pas faire des prévisions sur la base du marché pétrolier qui restera instable et irrégulier », a-t-il suggéré. Il estime que le revenu de 30 milliards de dollars doit être le repère de base pour toute politique budgétaire du pays durant les cinq prochaines années. L'expert écarte l'éventualité d'un baril à 80 dollars en 2017. « Déjà que les prévisions d'un prix à 50 dollars sont optimistes dans la mesure où elles tiennent compte de l'évolution du marché et des autres facteurs, dont essentiellement les capacités techniques et financiers des Etats-Unis en matière de schiste qui tablent sur une autonomie énergétique sur 25 ans », a-t-il ajouté. Le même constat est valable pour le marché gazier, étant donné que l'Algérie dépend de 25% du marché mondial. « Avec la hausse de la production du gaz de schiste et les projets gigantesques de l'électrification alternative, il va y avoir une baisse de la demande sur le gaz », a-t-il indiqué. L'Algérie devra opter, dès maintenant, pour une politique de transfert de gaz en développant la pétrochimie et autres industries de transformation du brut. Farid Aït Ali estime que même avec une baisse de 1,2 million de barils, l'Opep est contrainte de maintenir sa baisse de production en 2017 « sans avoir une quelconque contrepartie financière ». A ce propos, il appelle à mettre en place un véritable « plan Marshall » d'industrialisation du pays et d'une orientation massive de tous les secteurs vers une forte productivité. « On a, certes, encore besoin des recettes pétrolières pour l'équilibre budgétaire mais une politique alternative, à court terme, devient indispensable », a-t-il expliqué. Ce travail doit être fait par un groupe d'experts « pour établir un diagnostic chiffré de la situation de chaque secteur avant de mettre en place les décisions ». L'une des solutions urgentes à mettre en place concerne « l'annulation de l'exportation des produits qu'on peut fabriquer localement », pour faire baisser la facture d'importation.