L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se réunira, demain, à Vienne, en conférence ordinaire, pour examiner le marché pétrolier et discuter du pétrole de schiste. L'Opep devrait en principe étudier les conclusions relatives au schiste auxquelles est parvenue sa commission économique. Des conclusions consensuelles ? Pas tout à fait ! Le journal américain Wall Street Journal (WSJ) a souligné, dans son édition de lundi dernier, que l'essor de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis pourrait fort probablement créer des «dissensions» au sein de l'Opep quant aux mesures à prendre pour répondre à ce nouveau défi. Il est clair que l'augmentation de la production pétrolière américaine est en train de réécrire le modèle de commerce mondial du pétrole et d'approfondir les divergences existantes au sein de l'Opep, ce qui limite la capacité de cette organisation à élaborer des réponses collectives, dont celle d'une possible réduction de la production, estime le journal. L'Opep admet en tout cas que la technologie de la fracturation hydraulique pour produire du pétrole et du gaz de schiste influe sur l'offre pétrolière et de manière «significative». «Etant donné les hausses importantes récentes de la production de pétrole et de gaz de schiste en Amérique du Nord, il est clair maintenant que ces ressources pourraient jouer un rôle de plus en plus important dans la production de pétrole, non Opep, dans les approvisionnements à moyen et à long terme», est-il mentionné dans un rapport élaboré par l'organisation viennoise, il y a quelques mois. Selon les prévisions de l'organisation pétrolière, la contribution du pétrole de schiste dans la demande mondiale sera de deux millions de barils/jour d'ici 2020 et de trois millions de barils/jour d'ici 2035. Les Etats-Unis, le plus grand pays consommateur de pétrole, restent le principal producteur du pétrole de schiste. La production de pétrole de schiste a couvert, en 2012, 5% de la consommation nationale de pétrole. Dans son dernier rapport, l'Agence internationale de l'énergie prédit, elle, que les Etats-Unis deviendront, en 2017, le premier pays producteur de pétrole devant l'Arabie saoudite. La production de pétrole brut aux Etats-Unis a augmenté de 800 000 barils/jour en 2012, soit une hausse de 14%, et il est prévu une augmentation de 700 000 barils/jour en 2013, pour atteindre une production de 7,1 millions de barils/jour. Cette situation a fait baisser les importations de pétrole des Etats-Unis. Au-delà de la question du schiste, le marché pétrolier demeure prudent, à la veille de la conférence ministérielle de l'Opep. Le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Nouaïmi, cité par l'agence Dow Jones, estime que le marché était «bien approvisionné» et était «dans un environnement idéal». Le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, lui, avait déjà qualifié le prix actuel du pétrole de «convenable» et «juste». Ces deux commentaires suggèrent que le plafond officiel de production de l'Opep sera maintenu à 30 millions de barils par jour, même si la production totale des pays membres dépasse largement ce seuil. Le marché attendait aussi les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) sur les stocks pétroliers jeudi, après un jour de décalage dû au lundi férié aux Etats-Unis. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, sera de la réunion à Vienne, indique un communiqué rendu public hier. Le prix du panier de l'Opep, dont le Sahara Blend (Algérie), qui avait refranchi le seuil des 100 dollars le début du mois de mai en cours dans le sillage d'une légère reprise des cours sur les marchés mondiaux, reste loin du pic atteint en février de 114,94 dollars. La tendance actuelle des prix du panier Opep est étroitement liée à l'évolution des prix du brut sur les marchés mondiaux qui pâtissent des difficultés budgétaires, notamment en zone euro. Par ailleurs, l'Opep a maintenu sa prévision de demande mondiale de brut en 2013 à 89,66 millions de barils par jour (mbj), selon son dernier rapport mensuel. Lors de sa 162e réunion tenue en décembre dernier, l'organisation avait maintenu inchangés ses quotas de production à 30 millions de barils par jour. Y. S.