L'idée de grève qui s'était propagée sur les réseaux sociaux n'a rencontré aucun écho. Les commerces n'ont pas baissé rideau. « Il n'y a aucune raison valable pour faire une grève », nous ont confié beaucoup de commerçants que nous avons approchés. « Pourquoi ces protestataires n'ont pas fait de grève avant la signature de la loi de finance 2017 ? », s'est interrogé un responsable d'une boutique de prêt-à-porter près du square Port-Saïd. Selon lui, « ce mouvement de contestation n'a pas lieu d'être ». Aït Amrane tient un restaurant pas très loin. Lui n'a même pas pris connaissance d'un appel à la grève. « Je ne me connecte pas souvent sur internet. J'ignore donc tout ce qui se dit à ce sujet », nous confie-t-il. Il ne compte pas fermer son restaurant pour quelque raison que ce soit. Un client attablé fait remarquer que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) a déjà été augmentée. Elle est passée de 14 à 17% et aucun mouvement d'opposition n'a été observé. « Les commerçants et les citoyens se sont adaptés », a-t-il ajouté. Les magasins d'agroalimentaire, de prêt-à-porter et de restauration ont exercé leurs activités sans aucune perturbation. Le marché de « Djamaâ-Lihoud », à la Basse-Casbah, a ouvert tôt le matin et les clients vaquaient à leurs achats. « Quelle grève ? », s'est demandé un vendeur de fruits et légumes. « J'ai une famille à nourrir moi », dit-il avant de reprendre son activité. Un vendeur dans une supérette, non loin du marché, affirme qu'il est un citoyen tout aussi touché par les augmentations. « Fermer mon magasin ne fera qu'attiser le chaos qu'on veut nous imposer », clame-t-il sur un ton désolé. Certaines boutiques avaient baissé rideau. « C'est pour l'inventaire », nous dit-on. Sur certaines affiches accolées, leur prochaine réouverture est annoncée. Les citoyens ne sont nullement affolés. « Le même scénario est familier durant les jours de fêtes », nous dit l'un d'eux. « La ruée vers les stations-services et les commerces sera passagère », renchérit un passant à Bab Azzoun. Selon lui, « la peur de l'indisponibilité du carburant est la raison de l'emballement des citoyens durant les jours de fêtes. Il n'a jamais été question de grève ». Un client, rencontré dans une supérette, espère que la grève sera vite oubliée et enterrée par les commerçants. « Elle n'apportera que du grabuge. Les écoliers reprendront bientôt l'école et tout le monde a besoin de tranquillité. » Il n'a pas besoin de répéter et claironner ce sage conseil.