L'année 2016 a été marquée par la mise sur les rails d'un projet relatif à la réalisation d'un méga port commercial à El Hamdania (wilaya de Tipasa), une infrastructure à portée continentale susceptible de renforcer les échanges commerciaux entre l'Afrique et le reste du monde via l'Algérie. C'est sur la base d'études techniques réalisées par un bureau d'études sud-coréen que la wilaya de Tipasa a été sélectionnée pour abriter ce projet, validé par le Conseil ministériel de décembre 2015. Les eaux profondes (20 mètres de tirant d'eau) de la région d'El Hamdania (est de Cherchell) correspondent avec exactitude au projet qui va, de l'avis de tous, promouvoir la wilaya pour jouer un rôle capital dans le développement économique du pays. Le ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjemaâ Talaï, avait déclaré que l'entrée en service du port commercial Centre permettra de « connecter l'Algérie avec l'Asie du Sud-Est, mais aussi les deux Amériques et l'Afrique, et ce, grâce à la hausse du volume de trafic maritime et l'entrée de nouveaux armateurs de renommée mondiale ». Le coup d'envoi des travaux de réalisation de cette importante infrastructure portuaire est prévu pour « le premier semestre 2017 ». En vertu d'un protocole d'entente conclu en janvier 2016, le méga port sera construit par une société de droit algérien composée du Groupe public des services portuaires et de deux compagnies chinoises : CSCEC (China State Construction Corporation) et CHEC (China Harbour Engineering Company). Lors du Conseil des ministres de décembre 2016, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait chargé le gouvernement de réaliser ce projet dans le cadre d'un partenariat associant, selon la règle dite « 51/49% », des entreprises algériennes publiques et privées et un partenaire étranger de renom, capable de contribuer au financement de cette réalisation et à sa gestion future. Dans ses déclarations, lors de la signature du protocole en question, le ministre des Travaux publics et des Transports avait expliqué que la société mixte est chargée des études inhérentes au projet, en plus des travaux de construction, d'exploitation et de gestion de l'infrastructure portuaire, et ce, après adoption de son statut particulier par le Conseil des participation de l'Etat. Le projet, dont le coût est estimé à 3,3 milliards de dollars, sera financé dans le cadre d'un crédit chinois à long terme. La réalisation du futur port d'El Hamdania se fera dans un délai de sept ans. Mobilisation locale pour accompagner le projet Parallèlement aux démarches entreprises à l'échelle centrale, la wilaya de Tipasa a entamé de nombreux préparatifs pour accompagner le projet et participer à sa concrétisation dans les délais impartis. Pour le président de la Chambre d'industrie et de commerce Chenoua, Maâmar Serandi, il s'agit d'un « important acquis » pour la wilaya, car le futur port va ériger la wilaya en « pôle économique régional ». L'activité commerciale et industrielle y connaîtra une nouvelle dynamique grâce au projet qui permettra également la création de centaines de postes d'emploi. Serandi n'a pas manqué, à ce propos, de réaffirmer la disponibilité de la Chambre Chenoua à accompagner le projet, en mobilisant les opérateurs économiques locaux dans le cadre de contrats de sous-traitance et de fourniture de matériaux de construction, notamment. Quant au président de l'Assemblée populaire de wilaya, Achour Abdenour, il a qualifié cette infrastructure portuaire de « projet du siècle », qui va constituer une « valeur ajoutée » pour Cherchell, appelée à devenir l'une des « plus riches communes du pays », à l'instar de celles de Hassi Messaoud et d'Alger-Centre, en termes d'entrées et revenus fiscaux. Pour sa part, la commune de Cherchell a lancé une opération de recensement approximatif des constructions réalisées dans le périmètre du projet, car l'assiette n'est pas encore délimitée, et ce, dans une perspective de se tenir prête pour la prise en charge des dossiers d'indemnisation des citoyens, qui seront concernés par une expropriation dans l'intérêt public. Le projet sera raccordé au réseau ferroviaire électrique, au même titre qu'au réseau des autoroutes, car il englobe une ligne ferroviaire double Zéralda-Cherchell en passant par Douaouda, Fouka, Bou Ismaïl, Bouharoun, Aïn Taguouraït et enfin Tipasa, outre la voie express Cherchell-El Affroun, qui sera reliée à l'autoroute Est-Ouest. Pour Abdelghani Fellah, un opérateur de Tipasa, le futur port constituera un « axe principal » d'échanges commerciaux à l'échelle territoriale qui incitera les opérateurs locaux à investir dans l'exportation. En effet, la structure comptera 23 terminaux, d'une capacité de traitement de près de 6,5 millions de containers/an, avec 25 millions de tonnes/an de marchandises. Cela l'habilite à devenir un véritable pôle de développement économique, après son raccordement programmé aux réseaux ferroviaire et autoroutier, en plus d'une zone logistique de 2.000 hectares. A l'horizon 2050, le volume du trafic portuaire de marchandises dans la région Centre du pays devrait atteindre les 35 millions de tonnes de marchandises/an et deux millions de conteneurs de 20 pieds annuellement, contre 10,5 millions de tonnes traités, actuellement par les ports d'Alger et de Ténès (soit un taux de 30% seulement).