La partie fixe de cette taxe induira une augmentation de près de 100% pour les tabacs blancs et de 60% pour les tabacs bruns. Les revendeurs n'ont pas attendu. Bien avant même que ces augmentations ne soient annoncées, la majorité d'entre eux ont procédé à des hausses depuis novembre dernier. Selon un buraliste, ces hausses sont dues au « manque de marchandises sur le marché ». Des grossistes et intermédiaires semblent avoir stocké des marchandises pour en tirer plus de bénéfices au moment voulu. Un intermédiaire confirme : « Cela fait presque 6 mois que j'attendais l'entrée en vigueur de ces augmentations. Je vais pouvoir vendre mes cigarettes selon les nouveaux tarifs. J'ai reçu plusieurs commandes de détaillants », nous a-t-il confié. La cigarette étant un produit hors contrôle, le ministère du Commerce n'a aucun pouvoir sur les prix déterminés par l'offre et la demande sur le marché. L'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca) a indiqué qu'il n'y a aucune raison justifiant les augmentations, du moins durant le premier trimestre 2017. Selon son président, El Hadj Tahar Boulenouar, « les stocks actuels peuvent satisfaire largement les besoins du marché ». Pour lui, « la hausse des prix constatée sur le marché est due à la spéculation ». Il accuse les importateurs d'en être responsables. Pour couper court aux spéculations, la Société des tabacs algéro-émiratie (Staem), une joint-venture créée en 2002 entre la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) et un consortium émirati, a pris le soin de publier les nouveaux tarifs, valables depuis le 1er janvier, des cigarettes qu'elle commercialise en Algérie : Marlboro rouge : 230 DA, L&M : 180 DA, Gauloises : 200 DA, West : 150 DA, Winston : 180 DA et Camel : 210 DA. La Staem a précisé que ces nouveaux tarifs concernent tous les détaillants à travers tout le territoire national. La réalité est autre sur le marché. Le paquet de Marlboro est cédé à 260 DA, alors que Winston est vendu à 210 DA. L'Etat a justifié sa stratégie de taxation en expliquant que celle-ci entre « dans sa politique de lutte contre le tabagisme ». L'Algérie est signataire de la convention de la lutte antitabac. L'OMS a toujours considéré que l'interventionnisme fiscal demeure le moyen le plus utilisé en termes de lutte contre le tabagisme. La santé n'a pas de prix Qu'en pense le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) ? Mustapha Khiati nous a indiqué que cette nouvelle augmentation est « une bonne initiative », mais « insuffisante ». Pour lui, l'Etat doit encore augmenter les prix pour être au même niveau de ceux pratiqués en Europe. En attendant, Khiati a souligné la nécessité de continuer à interdire la consommation de cigarettes, notamment dans les lieux publics. A ce sujet, il a regretté que la loi antitabac et l'interdiction de fumer dans les lieux publics ne soient jamais entrées en application en Algérie.