Le mouvement de contestation a débuté le 15 mars à la suite d'un appel via une page Facebook intitulée «la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011» à des manifestations pour «une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence, ni tribunaux d'exception» prend de l'ampleur en Syrie où la situation pourrait s'envenimer. Surtout si le scoop de Sana, l'agence officielle, se confirme. «Plus d'un million de SMS, en provenance pour la plupart d'Israël, ont été envoyés aux Syriens pour qu'ils utilisent les mosquées comme point de ralliement afin de les inciter à se révolter et provoquer des troubles» dans le pays, écrit Sana ajoutant que «les forces de l'ordre continuent de découvrir des caches d'armes parvenues en Syrie via les frontières, ainsi que des équipements de communication à Deraa», une ville située à une centaine de km au sud de Damas et à forte majorité druze, une minorité tenue à l'écart du pouvoir. Théâtre depuis vendredi de manifestations sans précédent contre le pouvoir d'El Assad, cette ville qui a vu la population s'en prendre aux symboles du pouvoir : saccage des bâtiments officiels du parti Baas et incendie des locaux de la compagnie de téléphonie mobile Syriatel, appartenant à un cousin du président Al-Assad, a vécu des heurts meurtriers dans la nuit de mardi à mercredi près d'une mosquée d'Al Omari. Bilan de ces affrontements avec les manifestants présentés par les autorités comme un «gang armé» : six morts, dont une jeune fille, Ibtissam Massalmeh, et un médecin, Ali Ghoussab al-Mahamid. Hier, les forces de l'ordre auraient tiré à balles réelles sur les parents de ces deux victimes et les manifestants qui rentraient de l'enterrement. Pour appuyer sa présentation des manifestants, la télévision syrienne a montré des images de pistolets, fusils, grenades et munitions stockés, selon elle, dans la mosquée. Selon toute vraisemblance, les appels des Syriens à l'ouverture politique, à la fin de la corruption et à la levée de l'état d'urgence (en vigueur depuis 1963) n'ont pas été entendus par le président Assad. Arrivé au pouvoir en juillet 2000 à la mort de son père Hafez al-Assad qui avait gouverné le pays pendant 30 ans, il aurait laissé des inégalités s'accentuer : la pauvreté touche 14% des 22 millions de Syriens et le taux de chômage, qui frappe particulièrement les jeunes, est évalué par des experts à 22%. La communauté internationale dénonce les exactions. Le secrétaire général de l'ONU, Ban-Ki-moon, a condamné fermement les violentes répressions de manifestations. «J'ai parlé à tous les dirigeants de la région, tous les dirigeants sans exception, tous les jours, les pressant de prendre des mesures pour des réformes audacieuses qui respecteront la volonté de leur peuple et assureront la liberté de parole», dit-il. Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a demandé mardi à la Syrie de mettre en place une enquête transparente sur les violences survenues au cours du week-end. Paris qui avait déjà dénoncé les violences contre des manifestants, a réitéré cette condamnation: «La France condamne les violences qui ont fait plusieurs morts et de nombreux blessés parmi les manifestants réunis vendredi, samedi et dimanche à Deraa», a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. Elle demande à la Syrie de «renoncer à tout usage excessif de la force». Les Etats-Unis, qui reprochent à la Syrie son soutien au Hamas et au Hezbollah et ses amitiés avec l'Iran, ont averti les responsables des violences qu'ils «devront rendre des comptes».