Récupérer les milliards pillés au peuple sous l'ère Moubarak et «purifier» le pays du PND, l'ancien parti au pouvoir. Les Egyptiens et les Tunisiens qui ont eu leur « printemps » disent craindre un retour en arrière. Pour « sauver leur révolution » en passe de devenir de simple lifting cosmétique, ils ont repris le chemin des manifestations. Les premiers étaient hier, place Tahrir, pour rappeler au maréchal Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées, qu'il tire sa légitimité d'eux. La coalition des jeunes qui a pris l'initiative de cet appel, ne va pas avec le dos de la cuillère pour exprimer ses « revendications ». Dont le « jugement rapide » du président Hosni Moubarak, de sa famille proche et de plusieurs figures de l'ancien régime et une lutte plus déterminée contre la corruption, avec « des mesures plus efficaces pour récupérer les milliards pillés au peuple » sous l'ère Moubarak et « purifier » le pays du PND, l'ancien parti au pouvoir. Les seconds étaient jeudi dans le centre de Tunis pour réclamer des « changements concrets » pour réduire le chômage et l'instabilité et l'insécurité et dénoncer des « mises en scène politique » des autorités de transition. Comme pour défier le Premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi qui a déclaré que « les protestations, les sit-in et les grèves ne sont plus tolérables » même s'ils s'appuient sur des revendications légitimes. Les Tunisois se sont donné rendez-vous hier après pour une grande manifestation place de la Kasbah, le quartier de la primature et des ministères. En Syrie, où le président Bachar al-Assad s'est exprimé mercredi sans annoncer les mesures attendues, des appels à manifester ont à nouveau été lancés. Mercredi, dans son premier discours depuis le début de la contestation, le chef de l'Etat a affirmé que Damas était confrontée à une « conspiration ». Jeudi alors que les plus optimistes pensaient qu'il allait proclamer la fin de l'état d'urgence en vigueur depuis mars 1963 il s'est suffi de deux annonces : création de deux commission, l'une pour rédiger d'ici le 25 avril une législation qui remplacera la loi d'urgence et l'autre sur les morts à Deraa et Lattaquié (30 morts selon les autorités, 55 selon Amnesty International, 70 selon Human Rights Watch et 130 selon les militants sur place). Idem en Jordanie, où le week-end dernier a été marqué par l'attaque d'un rassemblement réformiste par des loyalistes : les Frères musulmans ont opté pour un sit-in devant la mairie d'Amman. Au Yémen, Ali Abdallah Saleh, qui est de plus en plus isolé, a appelé ses partisans à une nouvelle démonstration de force devant ses opposants qui ont proclamé hier, sur la place Tahrir, dans le centre de Sanaa, et sur la place Sabiine, près du palais présidentiel, « Jour du salut ».