Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a critiqué une propension en France de rendre les musulmans responsables des maux de la société, à la veille de chaque échéance électorale. «Les musulmans, en grande majorité, sont des citoyens qui ne veulent qu'une chose : la paix (...) On ne peut pas tout de même les accuser, comme on dit en français, de tous les péchés d'Israël», a-t-il déclaré lors d'une émission diffusée samedi soir sur la Chaîne de télévision LCI. A la question de savoir s'il n'est pas «choqué» qu'on instrumentalise une religion pour en faire un argument politique, à la veille du débat sur la laïcité, prévu demain, en France, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a répondu que «les musulmans ne peuvent pas, pour aucune raison, être les bouc émissaires d'une période de crise». «Ce ne sont pas les musulmans, tout de même, qui sont la cause de la crise actuelle» en France, a-t-il martelé. Invité à commenter les propos du président Sarkozy glorifiant les racines chrétiennes de la France ou la députée UMP Chantal Brunel demandant qu'on remette les immigrés dans des bateaux à destination de leurs pays d'origine ou le ministre de l'Intérieur assurant que les Français ont le sentiment de ne pas être chez eux, M. Boubakeur a estimé que ce sont des «paroles convenues». «Ce n'est pas la première fois et, malheureusement, pas la dernière que ma religion est mise à mal, pour telle ou telle raison, insécurité, immigration, voile», a-t-il déploré. La Grande Mosquée de Paris avait décliné le 23 mars dernier l'invitation au débat sur la laïcité que compte organiser le parti présidentiel, l'UMP, le 5 avril prochain, le jugeant de nature politique et alimentant le sentiment de stigmatisation de l'Islam. L'Islam est la deuxième religion en France avec cinq à six millions de fidèles, dont deux à trois millions de Français de souche, soit quasiment la moitié.