M. Bouazara est un homme dynamique, profondément engagé dans sa mission de développer et d'élargir la place de la musique universelle en Algérie. Pour lui, cette grande musique n'est pas seulement le miroir de la musique universelle dans toutes ses composantes historiques et créatrices. Pour M. Bouazara, la grande musique, c'est aussi et surtout, l'écriture, la création et l'interprétation de notre patrimoine musical sous forme de musique universelle. Par cette voie, son objectif essentiel consiste à œuvrer, à donner la place que mérite notre musique sur le plan universel. M. Bouazara a bien voulu répondre à ces quelques questions. Votre orchestre existe depuis une dizaine d'année. Vous êtes à sa tête en le gérant d'une manière optimale et fonctionnelle. Parlez nous de la composition de ses éléments ? Le nombre de musiciens de l'orchestre symphonique national tourne autour d'un noyau d'une soixantaine d'éléments. Nous avons la grande chance de compter parmi eux, d'excellents musiciens professionnels qui sont non seulement praticiens mais aussi d'éminents professeurs de musique. Ces musiciens ont bénéficié d'une haute formation académique, dans de grandes écoles à l'étranger. Leur expérience de plusieurs décennies de la pratique de leur instrument leur donne une capacité inégalée dans l'exercice instrumentale. Ceci s'illustre dans plusieurs instruments classiques, comme le violon, le violoncelle, le haut bois, le cor, la contrebasse, la flûte traversière, la trompette. Cependant, pour un orchestre symphonique de notre envergure, le nombre de musiciens aussi parfait reste insuffisant. Je peux vous dire que pour former un violoniste par exemple, il faut pas moins de dix années de grande pratique. Afin de préserver la continuité et la qualité de l'interprétation dans le futur de cette musique savante, nous faisons jouer côte à côte les anciens musiciens avec ceux de la nouvelle génération et ceci dans toutes les sections d'instruments à vent, à cordes et à percussions. Par ailleurs, nous tenons à la considération nationale de notre orchestre par le fait que nos musiciens sont issus de diverses régions de notre territoire national. Votre orchestre est composé ainsi d'excellents musiciens professionnels, quelle est la mission que vous lui assignez ? Nous nous assignons à veiller sur la revalorisation du patrimoine musical national sous sa forme symphonique et la diffusion de la musique universelle à travers tout le territoire national. Nous avons d'ailleurs entrepris un travail de proximité, et à ce jour, nous nous sommes produits dans presque toutes les wilayas du pays. Pour cela, nous avons particulièrement renforcé ses activités par l'organisation de plusieurs concerts que nous donnons régulièrement afin de répondre au désir d'un public toujours grandissant. Vous donnez des concerts aussi bien dans la capitale qu'à travers le pays. Pourquoi cet élargissement de la musique savante, portée dans les endroits les plus reculés de l'Algérie ? Nous œuvrons pour la démocratisation de la musique universelle au profit de tous les Algériens. Depuis plus de cinq ans, grâce à l'initiative, à l'appui et au soutien de nos autorités culturelles en particulier de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, nous effectuons régulièrement des tournées à travers le territoire national. Nous avons sillonné presque toutes les wilayas du pays y compris les espaces du grand sud où nous nous sommes rendus, à Tamanrasset par exemple. Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par le grand nombre de citoyens algériens qui ont trouvé un grand plaisir à l'écoute de la musique universelle, à forte coloration de notre patrimoine musical national. Devant tant d'engouement et tant d'intérêt à cette musique, nous nous pouvons qu'être encouragés à donner le meilleur de nous-mêmes pour faire accéder cette grande musique à tous nos citoyens quelque soit la région où il réside. M Abdelkader Bouazara vous-même en tant que directeur, vous êtes aussi un élément régulier de l'orchestre symphonique national puisque vous êtes violoniste dans votre propre orchestre. Quels sont vos sentiments à ce propos ? Comme vous le savez, je suis d'abord musicien et qui mieux qu'un musicien professionnel pour comprendre, gérer et coordonner les activités d'un orchestre symphonique où la musique est le sujet principal et essentiel. Ainsi, en étant un élément actif de cet orchestre je fais corps avec tous les musiciens. J'exprime ainsi ma solidarité et mon partage effectif avec tous les membres composants de mon orchestre. Je me sens particulièrement près d'eux, dénouant les mêmes difficultés d'interprétation et appréciant en échange les beautés et le charme des morceaux interprétés. De plus, en jouant et en pratiquant le violon régulièrement au milieu des miens, je conserve et j'entretien la pratique de l'instrument. Vous ne pouvez pas savoir combien on oublie lorsqu'on n'exerce pas. Je ne voudrais pas arriver à ce stade et c'est pourquoi je serai toujours présent dans les concerts avec mes musiciens, comme simple violoniste plongé anonymement dans la multitude de nos musiciens.