Le président d'APC, M. Tahar Boucheham, qui occupe également la fonction d'enseignant à l'Université Mentouri. La commune Didouche Mourad tire son nom d'un héros de la Révolution, premier chef de zone tombé en martyr dans cette région, près du village Bizot aujourd'hui Didouche Mourad. Distante d'environ 20 km de Constantine, elle se distingue des autres communes de la wilaya, ou plutôt cherche à se distinguer. Alors que dans certaines municipalités, on a du mal à mettre en route un programme de développement économique et agricole, à Didouche Mourad le premier pas fut franchi dans les années 1990. A l'époque elle n'était qu'une paisible région agricole, puis graduellement des usines ont ouvert leurs portes, des gens venus de l'extérieur, principalement de Constantine, se sont installés aux alentours du village tels que Oued L'ahdjar. Les habitants connus pour leur conservatisme, ont dans un premier temps rejeté les «étrangers». l'intégration des nouveaux venus a été difficile, la relation s'envenime très vite, des disputes, voire même des batailles rangés éclatent, mais heureusement que les dissensions ont pris fin en quelques mois, grâce entre autre à la construction d'une nouvelle mosquée qui a réuni les uns et les autres. Depuis ce temps les choses ont beaucoup évolué, l‘avantage géographique, la RN 3 reliant Constantine à Skikda, la zone industrielle, les terres agricoles, une extension urbaine moins agressive qu'ailleurs (un centre-ville et seulement deux agglomérations secondaires, Benimessina et Aioun Essad), les atouts ne manquent pas. Aujourd'hui Didouche Mourad est au centre de trois autres communes, Zighoud Youcef au nord, El Hamma Bouziane au sud et Beni H'midane à l'Ouest, et même si administrativement elle dépend de la daïra d'El Hamma Bouziane, il n'empêche qu'elle a réussi à s'imposer en terme d'attractivité, à l'exemple de la reconversion de l'hôpital militaire en CHU l'an dernier. D'une capacité de 240 lits et offrant plusieurs services, dont deux unités importantes, celle des grands brûlés et l'autre réservés aux cancéreux, l'hôpital permet aujourd'hui aux habitants de toute la région d'éviter les déplacements vers le CHU Benbadis de Constantine. Aussi, il est surprenant de constater que la ville est plus calme et plus sécurisée que d'autres, la délinquance est moins ressentie, c'est en tout cas ce que nous révèle un habitant originaire de Constantine : «Nous habitons un quartier qui à première vue parait moins sûr car en face de nos immeubles CNEP, il y a quelques bidonvilles. Mais je vous rassure ces gens sont des petits agriculteurs, et leurs enfants s'occupent comme ils peuvent, la plupart travaillent dans les champs, et ils n'ont pas le temps d'errer dans le quartier. Au contraire, ils assurent même la sécurité de la cité, et le contact avec eux passe sans difficulté». P/APC ET PROFESSEUR À L'UNIVERSITE Même si le décor des nouvelles cités laisse à désirer, les immeubles ont été bâtis sans harmonie et dans un désordre architectural, le cœur du village quant à lui est plus sympa, datant de l'époque coloniale, le principal boulevard est plutôt animé, pratiquement les principaux commerces et les sièges des administrations s'y trouvent. Dans ce même boulevard, dans un tournant on retrouve les bureaux de l'Assemblée populaire communale et les services de la commune. A première vue : il n'y pas beaucoup de monde donc moins de pagaille dans les locaux de l'etat civil, chose rare dans la wilaya de Constantine, surtout en ces temps. D'après nos renseignements la raison est simple, comme il n'y pas de maternité dans la commune, il y a donc moins de personne inscrite à l'état civil. Après quelques minutes d'attente nous retrouvons le président d'APC, M. Tahar Boucheham, qui occupe également la fonction d'enseignant à l'Université Mentouri. Bien qu'il soit débordé par le travail, le téléphone sonne toutes les trois minutes, et une secrétaire qui l'interrompt très souvent, M. Boucheham a accepté de nous accueillir et de nous accorder une demi-heure de son temps, d'autant plus que le sujet l'intéresse. Et le premier sujet abordé concerne la zone industrielle. Une zone assez imposante pour une commune de 45. 000 habitants, dans les différentes fabriques dont une importante biscuiterie, il y a l'embarras du choix, et il y a du travail : «Il y a des investisseurs qui se sont installés dernièrement, on sent vraiment qu'il y une activité. Dans cette zone industrielle, nous avons 198 lots qui ont été cédés à 100 %, seulement, il y a des lots où l'activité n'a pas encore démarré et nous espérons que ça se fera dans un avenir proche.» nous explique M. Bouchehal. Evoquant le chômage dans sa commune, le P/APC avoue que ce fléau social touche surtout les universitaires «On se fait des idées fausses concernant les jeunes issus des communes et des petites villes, la majorité suit des études dans les universités. C'est pour cela que le chômage nous le ressentons pas, surtout auprès de ces jeunes universitaires, une partie d'entre eux travaille dans l'administration locale, l'autre attend de trouver du travail dans un domaine approprié. Nous n'avons pas les chiffres officiels et les statistiques, mais je peux avancer que globalement le taux est faible par rapport à d'autres régions. Beaucoup de jeunes travaillent dans les chantiers, dans les champs et dans les usines». LE SALUT DANS L'AGRICULTURE Dernièrement, Didouche Mourad était au centre d'un débat au sein de l'assemblée populaire de la wilaya, pour le programme PDAU (plan directeur d‘aménagement et d'urbanisme de Constantine) - qui est en fait une étude qui prévoit le recensement de nouveaux terrains pour une extension urbaine et la création de zones industrielles à l'horizon 2030 - la commune devra en principe tirer profit, un programme qui lui permettra de concevoir une nouvelle méga zone industrielle : «J'espère que le projet se concrétisera. Le wali a insisté pour que la nouvelle zone industrielle voit le jour, du côté de la région de Ratba sur une superficie de 530 ha.» affirme le P/APC. Cette mesure importante, si elle se confirme, boostera encore plus l'économie locale, et avec la politique d'ouverture appliquée par l'APC, il est clair que les investisseurs se bousculeront pour obtenir un lot et démarrer leurs activités. Et même si le tracé de l'autoroute Est-Ouest ne passe par Didouche Mourad, pas même une bretelle, mais le P/APC reste tout de même confiant, pour lui, il y a d'autres moyens de développer l'activité économique «La commune n'a jamais dépendu de la RN3, pourtant c'est un axe routier important, nous avons d'autres atouts». Ceci dit M. Boucheham regrette à demi-mot que la cimenterie l'ERCE ne dépend pas de sa commune mais celle d'en face, car elle est située à la frontière entre El Hamma Bouziane et Didouche Mourad. Cette cimenterie, l'une des plus imposantes de l'Est fait vivre des centaines de familles, même si de nombreux habitants de Didouche y travaillent. Concernant l'autre activité fondamentale de la région, à savoir l'agriculture, elle se porte plutôt bien, la preuve une grande partie de la surface totale de la commune, 14.792 ha est occupé par des terres agricoles. La céréaliculture arrive en tête des exploitations et contribue beaucoup dans le dynamisme et le rayonnement du secteur dans la wilaya, à l'instar des communes d'Ain Abid, Beni H'midene ou Ben Badis. Les aides de l'état, la vocation agricole qui subsiste depuis longtemps, la disponibilité des terres et l'urbanisation raisonnable, ont contribué à sauvegarder l'activité, même si certains doutent depuis quelques temps de la portée positive du programme PDAU, qui quoi qu'il en soit s'appliquera en sacrifiant des terres agricoles. Ces dernières années, l'agriculture s'est enrichie avec la production d'autres cultures (lentilles, petits pois…). L'ANSEJ, UN SALUT POUR LES JEUNES Toujours dans le registre économique, le dispositif ANSEJ pareillement que les autres régions du pays, est plus que jamais au cœur des intentions des jeunes chômeurs, on regrette cependant qu'à Didouche Mourad les dossiers des projets sont pratiquement les mêmes qu'on voit dans une ville telle Constantine, à notre surprise nous avons appris que peu de demandes formulées concernent l'agriculture dans une région qui en présente tous les avantages : «Il y a deux problèmes : d'abord la majorité des jeunes vise un projet de transport, location de voiture ou transport de marchandise, comme c'est le cas à Constantine ou ailleurs, ensuite il faut savoir que les jeunes qui veulent réaliser un projet agricole sont confrontés au problème de terrains et de hangars. Ils ne possèdent pas de biens, certaines personnes qui ont des concessions multiples (élevage, apiculture, arboriculture) sur des terrains incultes qui les ont mis en valeur se sont montrés disponibles à aider les jeunes en leur assurant des formations. Ces propriétaires de fermes et de concessions commencent d'ailleurs à diversifier leurs activités» nous assure M. Boucheham. Pour ce qui est des programmes de logement, le quota de la municipalité pour le quinquennat 2010-2014 est presque insignifiant si on le compare aux autres communes : 250 logements sociaux, 500 aides rurales, et un nouveau programme de la CNEP est attendu. Cela s'ajoute aux 245 logements sociaux et les 50 LSP en voie d'achèvement et qui seront livrés prochainement. La commune dispose également de trois lots de terrains habitables de 50 à 60 ha, chose rare de nos jours à Constantine. D'autre part, dans le cadre du plan communal de développement, huit projets ont été inscrits dernièrement. Trois d'entre eux portent sur l'aménagement des routes de la commune pour un montant de 87 millions de dinars. Le premier tronçon concerne la cité Boumlita Tayeb (30 millions de dinars), le second les routes, intérieures de Mechta Oued-Lahdjar (13 millions de dinars) et enfin, le troisième concerne la route de la Zhun de Oued Lahdjar (43 millions de dinars). Deux autres projets portent également sur l'aménagement des routes, intérieures cette fois-ci, de Sidi Arab (23 millions de dinars) et Kessar Leklal (16 millions de dinars). En vue d'améliorer le quotidien de la population, plusieurs projets attendent l'aval de la DPAT (direction de la planification et d'aménagement du territoire), avec l'alimentation en eau potable de Mechta Rekba, l'assainissement de Sidi Arab et Kessar Leklal et l'extension de l'AEP à la cité Essalem. Une enveloppe financière de 320 millions de dinars a été toutefois dégagée pour l'aménagement urbain dans certaines cités pour la réalisation de trottoirs sur la route menant vers la ZHUN, entre le CEM Bouchriha et Sidi Arab et l'aménagement d'une entrée au sud de la ville.