Photo : S. Zoheïr Par Amel Bouakba La dialyse permet d'épurer le sang de ses déchets toxiques et de l'eau retenue en excès du fait de l'arrêt du fonctionnement des reins. L'Algérie est encore très loin en matière de qualité de la dialyse. Un préalable nécessaire à une transplantation rénale réussie. La question des progrès de la dialyse était au cœur de la 8ème journée de formation médicale continue organisée au CHU de Beni Messous, à l'initiative de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (SANDT) présidée par le professeur Tahar Rayane. Quand l'insuffisance rénale devient sévère, il est nécessaire de programmer sans tarder un traitement pour suppléer le rein, la dialyse ou la greffe rénale. Le professeur Rayane rappellera que quelque 13 000 patients sont traités par dialyse dans notre pays. «Mais la qualité n'est pas toujours au rendez-vous en dépit du nombre important de centres privés.» Le professeur a d'ailleurs à maintes reprises dénoncé ce qu'il qualifie de «mafia de la dialyse» et appelé le ministère de la Santé à mettre le holà. Il dira que cette rencontre a permis de réunir des praticiens et des spécialistes, notamment le Français Petitclerc, professeur en néphrologie et en bio-physique, venu parler des progrès de la dialyse et des dernières techniques en la matière. Il est également directeur de l'Association du rein artificiel en région parisienne. «Ce congrès a également le mérite de réunir la Fédération nationale des insuffisants rénaux, dira-t-il, car nous estimons avoir les objectifs, à savoir soigner les malades et leur offrir des soins de qualité.» Et de souligner : «Nous ne le répèterons jamais assez, bien dialyser le patient, c'est le préparer à la transplantation rénale.» Ce congrès sera sanctionné par une série de recommandations. Le professeur Rayane reconnaîtra qu'en matière de dialyse, il reste beaucoup à faire en Algérie. «Les centres de dialyse existent mais les insuffisances en matière de soins de qualité subsistent», indique-t-il. Il estimera cependant que «force est de constater que les 13 000 malades souffrant d'insuffisances rénales chroniques (IRC) sont pris en charge dans notre pays». Et de poursuivre : «Maintenant, le défi, c'est d'améliorer l'accès à des soins optimaux. Ce type de rencontre nous permet en quelque sorte d'être au diapason des derniers progrès. Aujourd'hui, on parle ainsi de dialyse quotidienne ou de dialyse nocturne, ce qui est très intéressant.» Il faudrait, insiste le professeur Rayane, que «le patient soit pris en charge selon les normes internationales. Logiquement, nous devons faire un audit de qualité». Le professeur Petitclerc dévoilera de son côté les progrès technologiques réalisés en matière de dialyse en France. «Actuellement, beaucoup de laboratoires essayent de développer des machines spécifiques pour l'hémodialyse quotidienne», dit-il. «Il s'agit de machines qui se rapprochent de la dialyse péritonéale automatisée», précise-t-il, indiquant que «grâce à ces techniques, la mesure de la dose de la dialyse est affichée sur le générateur». Il met l'accent sur la nécessité d'une bonne dialyse, ce qui est fondamentale pour la greffe rénale», affirme-t-il. Pour sa part, le président de la Fédération nationale des insuffisants rénaux, Mohamed Boukhors, a déploré la qualité de la dialyse qui «laisse à désirer». Selon lui, «tout ce qui est préconisé en Algérie est tout à fait le contraire de ce que recommandent les spécialistes». Et d'ajouter : «C'est une sous-dialyse qui est pratiquée aujourd'hui en Algérie. Cela va à l'encontre de la politique de transplantation rénale, car quand il est nécessaire de faire bénéficier le patient d'une bonne dialyse pour bien le préparer à une greffe du rein.»Il évoquera un autre problème qui se pose avec acuité : «L'anarchie qui règne en matière de dialyse pédiatrique. Les enfants souffrant d'insuffisance rénale sont mal pris en charge.» Il soulignera «l'inexistante de prothèses artificielles nécessaires pour les enfants et les personnes chétives dont le capital vasculaire est insignifiant». «La non-prescription de l'hormone de croissance indispensable se pose de façon dramatique. Bien qu'elle soit disponible, elle n'est pas prescrite aux enfants», s'insurge-t-il. Il lie cela à «un manque criant de coordination entre néphrologues, pédiatres et endocrinologues». Résultat, dit-il, «chaque année, des stocks de cette hormone de croissance sont jetés par la PCH puisqu'il n'y a pas de commande de la part des hôpitaux». Au même titre qu'une bonne dialyse, l'importance de la nutrition pour les insuffisants rénaux chroniques (IRC) est particulièrement exigée. «Les études ont démontré que 30% des patients en IRC souffrent de dénutrition modérée et 8% de dénutrition sévère», a souligné le docteur F. Zerdoumi, du CHU Bab El Oued. Elle a insisté sur la nécessité de prévenir et de traiter les malnutritions chez le dialysé.