«Quand le G20 parle croissance et stabilité, il laisse les pays les plus pauvres dans le froid» Après le G8 qui s'est octroyé de facto la gestion des affaires politiques internationales, le G20 serait-il en passe de devenir le Conseil d'administration des affaires économiques et financières du monde ? La réunion au sommet, la troisième en moins d'un an, des dirigeants des 20 premières économies de la planète (90% du PIB) à Pittsburgh, aux Etats-Unis, qui a mis sur les rails un « nouvel ordre économique », laisse penser que les bases d'une gouvernance économique mondiale ont été posées. Tourner la page de «l'irresponsabilité», «équilibrer» la croissance, encadrer les bonus des dirigeants sans les plafonner, replacer le FMI qui vient de recevoir les 500 milliards de dollars sur les 750 promis à Londres par le G20 et l'autoriser à transférer avant 2011, 5% de son capital aux pays émergents qui espéraient 7%, en surveillant général de la stabilité financière mondiale, augmenter de 3%» les droits de vote à la Banque mondiale attribués aux pays en développement et en transition, créer un Conseil de stabilité internationale (CSF), de nouvelles règles, d'ici 2012, pour les fonds propres des banques, tels sont les principaux axes des 23 pages du communiqué final de ce sommet qui avait pour ambition de « tourner la page d'une ère d'irresponsabilité et adopter un ensemble de mesures, de règles et de réformes nécessaires pour répondre aux besoins de l'économie mondiale du XXIe siècle ». Sur l'injuste commerce international, sur la détention par les 15 plus riches de 55 % des parts du Fonds, l'intensification de la coopération scientifique et technologique internationale pour combler l'écart entre pays riches et pauvres, condition d'une réduction des déséquilibres, le changement climatique à deux mois de la réunion cruciale de Copenhague, le communiqué ne souffle mot. A Pittsburgh, le G20 a tourné le dos aux pays pauvres. « Ce G20 ne constitue pas un bon départ pour une réelle coopération économique internationale », estiment les responsables de la campagne dite du Millenium. Ce sommet, regrettent-ils, a accordé bien plus d'importance aux rémunérations des dirigeants d'entreprises « qu'aux besoins du 1,4 milliard d'êtres vivant avec moins de 1,25 dollar par jour ». Selon eux, « 33 milliards de dollars de l'aide promis aux pays pauvres jusqu'à la fin 2010 n'ont pas encore été versés » et « quand le G20 parle croissance et stabilité, il laisse les pays les plus pauvres dans le froid ».