Le blocus imposé aux habitants de la bande de Ghaza a pris fin, hier. L'Egypte a officiellement ouvert à titre permanent sa frontière avec l'enclave palestinienne, autorisant pour la première fois, depuis quatre ans, la libre circulation des personnes. Selon Le Caire, la réouverture de ce terminal de Rafah, le seul de l'enclave palestinienne qui n'est pas contrôlé par Israël, vise à alléger le blocus imposé à la bande de Ghaza. Dès l'ouverture du portail en début de matinée, un autobus, à bord duquel ont pris place une cinquantaine de passagers, et deux ambulances transportant des malades ont traversé le poste-frontière en direction du territoire égyptien. Selon les autorités égyptiennes, le point de passage sera ouvert tous les jours de 9h à 17h, à l'exception des vendredis et des jours fériés. Les femmes palestiniennes de tout âge seront, par ailleurs, exemptées de visa, de même que les hommes âgés de moins de 18 ans ou de plus de 40 ans. L'exemption s'applique aussi aux Palestiniens voulant étudier en Egypte tant qu'ils ont une preuve de leur acceptation dans une université. En revanche, les hommes âgés de 18 à 40 ans ont besoin d'une autorisation de la sécurité égyptienne. La décision de la réouverture de la frontière a été prise lors de la signature du protocole de réconciliation entre les deux principales factions palestiniennes, le Fatah et Hamas. Selon l'ambassadeur d'Egypte à Ramallah, Yasser Othman, «cette décision a été prise pour soutenir la réconciliation. Elle fait aussi partie de la politique égyptienne destinée à alléger les souffrances du peuple palestinien de la bande de Ghaza». M. Othman a aussi confirmé le refus de l'Egypte «de toute ingérence dans le mécanisme du point de passage de Rafah. C'est une affaire purement égyptienne. C'est l'Egypte qui décidera en accord avec ses intérêts et ses devoirs nationaux envers le peuple palestinien», a-t-il soutenu. L'ouverture du terminal s'inscrit dans les nouvelles tendances de la politique étrangère égyptienne depuis la chute du régime de Hosni Moubarak. Ce dernier n'autorisait l'ouverture du terminal que de manière exceptionnelle, quelques jours par mois. La décision du nouveau régime égyptien a été chaleureusement félicitée par les Palestiniens. Un porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum, a estimé que cette «décision courageuse et responsable est en accord avec le pouls de l'opinion arabe, égyptienne et palestinienne». «Nous espérons qu'il s'agit d'un pas vers la levée totale du blocus de Ghaza», a-t-il indiqué, appelant «le monde à suivre l'exemple de l'Egypte (...) en vue de la levée de ce siège». Selon Ghazi Hamad, vice-ministre des Affaires étrangères du Hamas, un millier de voyageurs palestiniens devraient pouvoir transiter quotidiennement par Rafah. Depuis l'ouverture partielle du terminal, l'an dernier, seulement 300 personnes par jour pouvaient passer la frontière. M. Hamad a, par ailleurs, soutenu que son parti «coopérera avec nos frères égyptiens pour faire en sorte que les nouvelles réglementations soient appliquées sans accroc, avec minutie». Il a également minimisé les craintes des Israéliens, qui voient d'un mauvais œil cette réouverture frontalière. Imposé en juin 2006 après l'enlèvement d'un soldat israélien, le blocus de Ghaza a été considérablement renforcé après la prise de contrôle du territoire en juin 2007 par le Hamas.