Les Occidentaux ne veulent pas de cette mission. Jacob Zuma le président sud-africain, est, depuis hier, à Tripoli. Non pour célébrer avec les 100 jours de la rébellion, mais pour entamer une mission de bons offices en tant que membre du panel de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye. Après une rencontre avec le colonel Mouammar Kadhafi à la résidence Bab Al-Aziziya, dans le centre de la capitale, il se rendra à Benghazi pour s'entretenir avec les responsables du Conseil national de transition (CNT), qui réaffirme à qui veut l'entendre que toute sortie de crise passe par le départ de celui qui est au pouvoir depuis septembre 1969. Objectif du Sud-africain : primo, présenter à Kadhafi qui a «perdu toute légitimité» selon le G8, une «stratégie» de sortie qui lui permettra de quitter «honorablement» le pouvoir, ensuite, persuader le CNT d'accepter la feuille de route élaborée par l'Union africaine (cessez-le-feu, période de transition et élections démocratiques sous supervision internationale), enfin, chercher un compromis entre les deux parties pour résoudre leurs différends. L'OTAN qui a été priée par l'Union africaine les 25 et 26 mai dernier à Addis-Abeba de cesser ses frappes aériennes pour rendre possible une solution politique, laissera-t-elle un répit à Zuma ? Selon toute vraisemblance, non. Même si l'issue de cette crise paraît se trouver sur le terrain diplomatique. Selon le Time, les Occidentaux qui veulent en découdre avec le régime libyen et affaiblir les capacités de résistance de ce pays, y compris celles de la «sous-armée et sous-équipée» rébellion qu'elle soutient, ne veulent pas de cette mission. Surtout qu'elle semble avoir les faveurs de Kadhafi, selon Saïf al-Islam cité par Chark El Awsat et surtout coordonnée par les Russes depuis la rencontre à Sanya, en Chine entre le président sud-africain et son homologue russe Dmitri Medvedev. Pour preuve de cette coordination, Moscou a envoyé hier aussi un émissaire à Benghazi pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour un cessez-le-feu. Paris, Londres et Washington qui savent que «le règne de Kadhafi touche à sa fin» pour reprendre l'expression d'Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'Otan, et qui ne voient qui que ce soit, dans les cercles politique ou militaire des dirigeants autoproclamés des rebelles, capables de prendre les rênes du pouvoir à Tripoli, laisseront-elles un membre du clan Kadhafi, comme dirigeant par intérim de la Libye ? Sauf entente entre Moscou et Washington, le conflit libyen ne trouvera pas sa solution dans le départ de Kadhafi. Bien au contraire, le départ du leader libyen pourrait accélérer dans l'état actuel la division du pays en deux, la Tripolitaine, à l'ouest et la Cyrénaïque, à l'est où l'opposition actuelle constituée de forces tribales et de djihadistes offre sur un plateau d'argent au moins la moitié de la Libye à Al-Qaïda.