L'étude de réflexion que nous donne à découvrir Mehenni Akbal sur le père Henri Sanson, prêtre et écrivain chercheur franco-algérien, est la révélation, pour bon nombre d'entre nous, d'un homme d'église au double héritage par ses racines algériennes et françaises, et par son double itinéraire existentiel ente Chrétienté et Islam, jalons qui l'ont aidé à une prise de conscience et de parole en écriture sur la dualité algérienne «le regard de l'Algérie vers l'Est musulman et le regard de l'Algérie vers l'Europe». Une attention qu'il entretiendra tout au long de son existence par des écrits et réflexions. Né en Algérie, ayant passé la plus grande partie de sa vie sur cette terre de naissance et de racines, le père Sanson , homme de religion, ne pouvait qu'être «appelé» à méditer, fidèle à sa foi sur la relation islamo-chrétienne de l'Algérie en particulier et du monde musulman. Mehenni Akbal, dans son premier angle d'approche, familiarise le lecteur avec le personnage. Le père Sanson a des racines algériennes par Hamou Smain, son grand-père maternel, né en 1864 dans la wilaya de Mostaganem. Sa mère née en 1893 à Renan (Hassi Mefsoukh) dans la wilaya d'Oran lui révéla alors à ses 15 ans, qu'elle est d'origine algérienne. D'autres périodes fortes viendront marquer la vie du père Sanson. Son père, né à Evreux en Haute Normandie, marquera également Henri Sanson par le courage de ses idées, «un homme d'honneur». Tout d'abord, c'est à 14 ans que le jeune Henri manifeste sa vocation à rejoindre l'Eglise. Ordonné prêtre en 1949, le père Sanson connaît un «déclic qui orienta le reste de son existence vers les Algériens musulmans ou non…». Sa vie ne sera plus qu'un engagement «pour que soit sauvée une Algérie, de la relation et de l'ouverture à l'autre» (selon Monseigneur Tessier). La troisième partie de cette réflexion porte sur certains écrits inédits du père Sanson, la deuxième étant consacrée à la bibliographie de l'œuvre d'Henri Sanson. Pour revenir à ce dernier chapitre de l'essai, de nombreux sujets précisent le point de vue de l'ecclésiastique relatif à l'Islam et aux musulmans d'Algérie, et au monothéisme, en général une «voie conduisant à Dieu». Dans le passage consacré aux rencontres en Algérie avec des Algériens d'origine, le père Sanson insiste sur ce trait particulier à son existence : «Mon site privilégié d'existence a été et est encore l'Algérie du nord…». Cependant, le prêtre explique que ces liens tissés sur le plan de relation humaine tout au long de sa vie en Algérie ont été : «des témoignages d'existence…» Il mettra en exergue ce rapport d'humain à humain, loin de toute image confessionnelle : «Je répugne à tout prosélytisme par respect pour la liberté religieuse.» Entres autres thèmes relevés : l'islamité serait-elle, dit-il, «cadre de prescriptions divines ou cadre de normes de valeurs ?». Et de répondre se référant à Jésus : «Jésus le posait quand il laissait entendre que la Loi, il ne s'agit pas de l'appliquer servilement mais de s'en inspirer spirituellement…» Le père Henri Sanson dans un de ses passages complètera toute sa pensée, sinon une partie concernant : «Le regard de l'Algérie vers l'Est musulman» en soulignant : «L'Algérie de 2002 est à la fois nouvelle et semblable. Nouvelle dans ses modes d'existence, semblable socio-culturellement dans ses façons d'être à l'existence. D'autant plus jalouse de soi qu'elle tient à ce qui l'attache à l'Est tout en voulant ce que pourrait lui donner ce qui est au Nord.»