Photo : Slimen S.A. Le prix littéraire Tahar Djaout a été attribué pour sa première édition à l'auteur Yamilé Ghebalou-Heraoui pour son roman "Liban" édité aux éditions Chiba. Ce premier prix doté d'une somme de 150.000 DA a été attribué par l'association culturelle Tussna, à l'issue de la lecture et de la sélection par le jury d'une cinquantaine d'œuvres qui ont été, selon la présidente de ce dernier, toutes aussi magnifiques les unes que les autres. Le second prix est revenu à Abderrahmane Yefsah, le frère du défunt journaliste de la télévisioin Smaïl Yefsah, lui aussi assassiné par les hordes terroristes comme Tahar Djaout, pour son œuvre "Et Caïn tua Abel", alors que le troisième prix a été attribué à Yazid Keffif pour son roman "L'enfant ressuscité". Quant aux nouvelles, le jury a décidé de faire l'impasse, puisque toujours selon sa présidente, les écrits reçus "étaient très pauvres dans la forme, même si le fond, lui, était parfois sublime. Mais nous ne pouvions nous permettre d'encourager cela. Nous leur avons demandé de les reprendre et de les corriger pour qu'éventuellement ces textes soient plus compétitifs l'année prochaine". Pour la lauréate, Yamilé Ghebalou-Heraoui, qui est enseignante universitaire, "être récompensée par un prix Djaout, c'est la plus belle chose qui puisse m'arriver d'autant que j'ai connu cet homme remarquable, dont le verbe m'a toujours subjugué". L'œuvre récompensée est «l'histoire de Omar, un jeune Algérien tireur d'élite, garde du corps de Kamel Djoumblat dans un Liban déchiré par la guerre civile et dont le père avait été assassiné quelques années plus tôt en Algérie. L'Algérien qui voyait en Djoumbalt son patron, pourtant impitoyable avec ses ennemis, ce père spirituel mais qu'il aura sur la conscience de n'avoir pas su protéger au moment de son assassinat. Une conscience qui lui taraude l'esprit avant qu'il ne fasse la connaissance de Esmet Nour, une richissime Libanaise, l'autre héroïne de ce roman qui lui fait comprendre toute la dimension humaine qu'elle porte en elle en venant en aide aux enfants orphelins et abandonnés de cette guerre civile qu'elle recueille. L'histoire de Omar au Liban, c'est aussi celle vécue par un jeune Algérien durant les années de braise et de terreur qu'a traversée notre pays. En choisissant le sujet du Liban en guerre dans les années soixante-dix, l'écrivaine met en parallèle les violences qu'a connues l'Algérie dans les années quatre-vingt-dix. "Cette allusion à l'histoire de notre pays est voulue, en accord avec l'esprit de notre création littéraire", dira la lauréate et d'ajouter dans ce sens que "la littérature algérienne contemporaine est fortement influencée par le besoin de se référer et de s'inspirer des pans lointains ou rapprochés de l'histoire de l'Algérie". Notons par ailleurs le témoignage poignant apporté par Omar Belhouchet à cette occasion qui a déclaré en substance que "les valeurs de justice, de démocratie, de liberté de la pensée unique et surtout de rassembleur de tous les Algériens doivent être perpétuées par la jeunesse".