Photo : Fouad S. Des associations de femmes ont fait part, hier, de leur mécontentement envers l'instance de consultations sur les réformes politiques. A leurs yeux, le nombre des associations de femmes reçues par Abdelkader Bensalah n'est pas représentatif. «Les associations de femmes qui constituent un poids dans la vie économique et politique ne sont pas conviées pour donner leur avis», a estimé, hier, Mme Saïda Benhabylès, présidente de l'Association de la femme rurale lors d'une conférence au forum d'El Moudjahid intitulé «La femme en politique». Selon elle, ces entités peuvent aisément apporter un plus pour sortir «le pays du marasme dans lequel il se débat». Et elle n'était pas la seule à le penser. Plus généralement, les femmes sont mécontentes du sort qui leur est réservé par les hommes dans le domaine politique. Mme Houria Oulebsir, vice-présidente de l'APW d'Alger, Mme Nouria Hafsi, présidente de l'UNFA, Mme Nadia Chouiter, députée du PT et Mme Ourida Aït-Merad, députée du parti FLN ont, tour à tour, critiqué la relégation des femmes au second plan. Les exemples ne leur ont pas manqué. Les communes ? Sur les 1541, une seule est dirigée par une femme. Les APW ? Aucune n'a à sa tête une femme. L'APN ? Elles occupent 7,75 % des bancs de députés. Le Sénat ? Elles ne sont que 4%, toutes désignées dans le tiers présidentiel. «Injustice», clament-t-elles. «Entre ce qui est constaté sur le terrain et les textes de loi, il y a un immense fossé qu'il faut combler pour donner toute la place aux femmes qui ont prouvé par leur passé de militantes et leur combat contre le terrorisme leur attachement à l'Algérie, rappelle Mme Benhabylès. Reste une inconnue : comment réparer cette injustice. Pour Mme Houria Oulebsir, vice-présidente de la commission santé et éducation à l'APW d'Alger, les femmes doivent être présentes d'abord, dans les assemblées locales. «C'est au niveau de la cellule de base que les programmes locaux doivent être élaborés pour la promotion des femmes dans tous les domaines», estime-t-elle. Mme Nouria Hafsi propose une autre démarche : la sensibilisation, la formation «pour que la femme soit un partenaire dans le domaine des postes politiques». Toutefois, elle n'exclut pas «le travail à faire sur les mentalités rétrogrades qui n'acceptent pas que les femmes soient tête de liste lors des élections». Mme Chouiter du PT souligne que même si les droits des femmes sont consacrés dans la Constitution, il reste beaucoup à faire pour qu'elles accèdent à une véritable citoyenneté. En clair, «le problème demeure la non-application de la Constitution et les lois de la République», fait observer Mme Oulebsir.