Revendication n Alors qu'elles seront reçues par le Cnes à la mi-juin, des associations réclament la participation aux consultations politiques. Rencontrés hier au forum du quotidien national El Moudjahid, des représentants des associations, pourtant connues pour soutenir la politique du président de la République, ont déploré leur mise à l'écart par les hautes autorités du pays. Elles estiment que leur concertation dans les affaires de la société est légitime vu leur rapport avec les différentes couches sociales. Ces associations qui se disent, en effet, rejetées après avoir fait face aux dures réalités du terrorisme, demandent à être conviées aux consultations politiques lancées par les pouvoirs publics au même titre que les autres personnalités. Pourtant, des assises nationales de la société civile sont prévues à la mi-juin par le Conseil national économique et social (Cnes). «On ne nous prend pas au sérieux. Nous sommes, soit instrumentalisées à des fins électorales, soit destinées à la consommation internationale», a affirmé dans cette optique Mme Benhabylès, présidente de l'Association des femmes rurales. Cette ancienne ministre va jusqu'à affirmer n'avoir «jamais reçu un centime de la part des pouvoirs publics». Selon elle, son association ne figure pas sur la liste de celles qui se soumettent à des courants politiques ou à des forces étrangères pour décrocher un financement. Soutenant cette thèse, Abdelkrim Abidet, président de l'organisation des associations pour la sauvegarde de la jeunesse, a, pour sa part, estimé que ce qui fait défaut au mouvement associatif algérien à l'heure actuelle est le manque de contact entre les différents acteurs. Il préconise «une concertation avec la société civile» car cette dernière «se recherche actuellement», a-t-il précisé. Cet intervenant s'est toutefois félicité du foisonnement du mouvement associatif en Algérie. En effet, le pays compte, a-t-il affirmé, quelque 58 000 associations locales et 1 500 nationales. Soutenant l'importance des consultations nationales autour des réformes politiques, M. Abidet organise aujourd'hui, jeudi, une journée d'étude consacrée à «ce grand dossier» au siège de son association à Alger. A entendre ces intervenants, il s'avère que la dénonciation est désormais répandue dans le milieu associatif. Les associations traditionnellement classées d'opposition pour leurs positions ne sont ainsi plus seules à mettre en cause la politique nationale vis-à-vis des associations et, par conséquent, de la société civile. Censées être l'écho de la population, les associations sont, en effet, plus occupées à tenter de surmonter les entraves juridiques et financières qu'elles rencontrent au cours de leur exercice. L'ex-président de l'association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), Hakim Addad, a estimé dans ce sens dans une déclaration à InfoSoir que l'obtention d'un agrément est un combat en soi. «Si après avoir fait toutes les acrobaties pour obtenir un agrément vous avez encore de la force pour activer cela m'étonnerait fort», a-t-il affirmé.