La cohésion des pays participant à l'intervention militaire contre le régime libyen sous le couvert de l'Otan, s'effrite devant l'enlisement de ce conflit qui a fait entre «10.000 et 15.000» morts et contraint près de 952.000 personnes à prendre la fuite, selon l'Onu, d'abord, et l'apparition des calculs «énergétiques» de certains, ensuite. L'Italie, l'ex-puissance coloniale, ouvre la voie à une sérieuse division au sein de l'Alliance atlantique. Partisane désormais d'une solution politico-diplomatique de la crise, elle réclame «une suspension immédiate des actions armées». «C'est pour instaurer des couloirs humanitaires et permettre une aide immédiate à la population dans des zones autour de Misrata et de la capitale Tripoli», explique Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères esquissant à demi-mots deux de ses craintes : le détournement «réfléchi» de la mission de l'Otan et la partition de la Libye. Le «Conseil suprême de défense» qui se tiendra le 6 juillet à Rome pour faire le point sur les interventions italiennes à l'étranger, optera-t-il pour un retrait à l'instar de la Norvège qui se retirera des opérations dès le 1eraoût prochain ? La Maison Blanche, qui affronte la fronde du Congrès pourrait-elle aussi suivre dès qu'elle aurait réussi à préparer un des siens pour prendre le pouvoir à Tripoli. Selon certains médias, elle aurait opté pour un neveu du dernier roi Idriss 1er. Seuls les Britanniques et les Français campent sur leur position d'en découdre avec Kadhafi. «Pas question d'arrêter les opérations», disent-ils. A la différence de leur opinion publiques, ils sont convaincus que cela «risquerait de permettre à Kadhafi de gagner du temps et de se réorganiser» et que les populations civiles pourraient en pâtir «du moindre signe de faiblesse de notre part». C'est dans cette ambiance faite de «calculs» que l'Organisation de la conférence islamique annonce l'envoi d'une mission en Libye pour préparer une médiation et que la Ligue arabe réitère son appel à une solution politique et fait part de ses «scrupules» après les pertes civiles.