Les anciennes traditions folkloriques accompagnant la célébration des fêtes de mariage, et qu'on croyait révolues à jamais, sont remises au goût du jour depuis quelques années. Très peu de familles sont regardantes sur les dépenses onéreuses que génère le recours à la fantasia, la cavalerie, la calèche nuptiale, en un mot, à l'apparat, à la bombance et tout ce qui peut faire « tape à l'œil ». El Hadj Ali M., qui vient de marier son fils unique, ne veut nullement déroger à la règle. « Les quatre cavaliers se pavanant sur de belles montures devant la Mercedes nuptiale, la troupe folklorique diffusant à tue-tête des airs de zorna, cornemuse, bendir et karkabou, ainsi que la salve de baroud font partie de notre personnalité et notre patrimoine arabo-musulman », indique-t-il avant de poursuivre : « Les frais induits par la fanfare et le faste sont certes lourds, voire faramineux, mais je n'en ai cure du moment qu'il faut faire plaisir aux mariés, à la famille, aux invités et au voisinage, et surtout faire sensation. » L'oncle Larbi, qui en est à son troisième mariage depuis l'été 2007, abonde dans le même sens. Après Mehdi et Yacine, c'est au tour de son 3e fils, Redha, de convoler en justes noces. Ce père de famille, commerçant de fonction, promet que la fête sera totale. « Il y aura de la cavalerie, du folklore et de l'ambiance non-stop », a-t-il fièrement révélé. Des cavaliers en habits traditionnels, arborant majestueusement de somptueuses montures et escortant le cortège de voitures tout au long des grands boulevards de la cité, c'est désormais un spectacle qu'on voit à loisir un peu partout à Mila chaque week-end et (échéance de Ramadhan oblige) même durant les autres jours de la semaine. Et comme le sensationnel a un prix (souvent onéreux), plusieurs familles rivalisent d'ingéniosité pour émerveiller la galerie et les passants. De nos jours, s'offrent régulièrement devant nos yeux des spectacles aussi éblouissants que romanesques, à l'image des deux mariés bien calés (pour la séquence souvenirs) à l'arrière d'une calèche, sur le siège d'une jeep décapotable ou encore dans un 4x4 solennellement encadrée par de rutilants scooters.