Mme Evelyne Lavalette, militante algérienne d'origine française. Il est temps de braquer les feux de la rampe sur les «ignorés» de la guerre d'Algérie, les militants d'origine européenne. Des hommes et des femmes, faisant fi des clivages de la race et de la religion, se sont délibérément lancés dans une révolution dont ils ignoraient l'issue, en raison de la force militaire et l'intrisangeance de la France. Un vivrant hommage leur a été rendu, hier, à travers la militante algérienne d'origine française Mme Evelyne Lavalette, au forum d'El Moudjahid, à l'occasion de la célébration du 49e anniversaire de l'indépendance. Cette femme a sacrifié les plus belles années de sa jeunesse «pour servir la juste cause de l'Algérie», mais estime modestement «n'être que le fruit de ceux et celles qu'elles a eu à connaître dans son parcours de militante». «Aujourd'hui, je rends hommage à tous ceux que j'ai rencontrés à l'époque. Nous avons donné le meilleur de nous pour édifier l'Algérie de nos rêves. Juste et fraternelle», a-t-elle estimé. Invité au forum, Me Ali Haroun a souligné que la révolution a été tellement grandiose au point où de nombreux étrangers vivant en Algérie ou dans leurs pays respectifs se sont instantanément retrouvés mobilisés pour cet idéal qu'était le soulèvement contre l'oppresseur français. Des Européens ont milité pour la cause algérienne sans avoir mis les pieds en Algérie. Des femmes et des hommes se sont également impliqués dans la guerre d'Algérie. L'intervenant s'est référé aux militants allemands. «Ils ont énormément aidé les moudjahidine en matière d'approvisionnement en armes. De même pour certains militants suisses et belges», a-t-il souligné, se référant au dévouement des deux fils du ministre belge de l'Instruction publique de l'époque, et la publication par des militants italiens de la liste des condamnés à mort par l'armée française. De l'avis des intervenants à l'image de Me Ali Haroun et le moudjahid Salah Benkoubi, le moment est venu pour rendre hommage à tous les étrangers ayant soutenu et milité pour la cause algérienne. «Certains noms sont, certes, gravés à jamais dans l'histoire et la mémoire des Algériens. Mais ce n'est malheureusement pas le cas pour la majorité des militants d'origine européenne, activant des années durant dans l'ombre», a regretté Me Ali Haroun, estimant qu'il est temps de reconnaître à ces militants venus d'ailleurs leur bravoure et leur engagement et d'avoir cru et soutenu la cause algérienne jusqu'au bout.