Combat n «La France doit des excuses au peuple algérien. Pourquoi l'Allemagne a reconnu ses crimes envers la France pendant la Seconde Guerre mondiale ? ». C'est l'interrogation formulée par Boudina Mostefa, un rescapé de la guillotine du Couloir de la Mort de Rort Mont-Luc (Lyon, France), lors de son témoignage dans une conférence, organisée, hier, au forum d'El Moudjahid par l'association Machaâl Echahid, en coordination avec l'Association nationale des condamnés à mort (1954-1962) dont il est le président. Selon lui, le blocage vient des Algériens et non pas des Français. «On ne doit pas dire que c'est la France qui bloque. Ce sont les Algériens qui bloquent», a-t-il déclaré. «La France peut rejeter un tel texte, c'est son droit le plus absolu. Mais un projet de loi, c'est nous qui le faisons. De quel droit le bloquer ?», a-t-il ajouté. Cependant, il estime qu'il ne faut pas condamner tout le peuple français car, selon lui, il y a des Français qui ont soutenu la Guerre de la Révolution et contribué à la libération de l'Algérie. «On se retrouvait avec des Français dans les prisons françaises et ce, à cause de leur soutien aux moudjahidine», a-t-il témoigné. Il a déclaré qu'ils étaient jugés et condamnés, en leur absence à cause de leur refus de répondre à certaines questions du juge d'instruction de France tout en rejetant l'idée d'être jugés par la France. «Nous avons reçu des coups de crosse par la gendarmerie française et lorsque nous avons refusé l'idée d'être jugés par la France, ils nous ont jugés et condamnés en notre absence.» Il a, ensuite, évoqué les conditions de leur emprisonnement et les différentes formes de tortures subies. Puis, il a rendu hommage à Miloud Bouguendoura, un condamnés à mort qui a subi toutes les formes de torture sans faire le moindre aveu et à qui il servait d'écrivain, pour répondre aux lettres que la femme de ce dernier, envoyait à son mari. Selon lui, cette femme est une Française qui a participé à plusieurs attentats organisés en France contre les Français et ce, aux côtés de son mari. Au cours de cet hommage, deux médailles ont été décernées à titre de reconnaissance. Une à Mostefa Boudina et l'autre à Annie Stenner, une Algérienne d'origine française et qui a participé dans le combat révolutionnaire. D'autres témoignages ont ensuite été apportés par des militants de la cause algérienne. A noter que c'est à l'occasion de la célébration de la Journée nationale des condamnés à mort que cette conférence a été organisée sous le thème : «Hommage aux 22 martyrs de la guillotine exécutés dans les geôles françaises». Lahcène Brahimi