Photo : Slimen S.A. Le métier de la pêche devient difficile à Ain Témouchent ainsi qu'à Alger. Les pêcheurs se plaignent de la rareté du poisson en cette saison estivale, la sardine notamment. «Nous sommes sortis en mer hier à 23h et nous ne sommes rentrés qu'au petit matin. Nous n'avions pu rapporter que deux caisses de poissons ! Ce qui est très peu», confient des pêcheurs de Beni Saf. Il y a moins de poissons par rapport aux années précédentes, expliquent-ils. Les raisons ? Une pollution rampante et une surexploitation. Mais il n'y a pas que ça. Les explosifs qu'utilisent certains pêcheurs font aussi des ravages dans la faune marine. «Même si c'est interdit par la loi, beaucoup de pêcheurs pratiquent la pêche à l'explosif», affirment des pêcheurs de Ain Témouchent. Selon Salah Kabèche, marin pêcheur à Alger, les capacités en matière de poissons ont diminué de 75%. «Il y a certaines espèces qui ont carrément disparu. Les explosifs ne sont pas les seuls en cause. Il y a aussi la pollution et le réchauffement climatique. La composition de l'eau a complètement changé. Elle n'est pas assez oxygénée. Ce qui fait fuir les poissons. Les sardines surtout. Nous vivons une véritable crise», affirme-t-il. Le métier de pêcheur est devenu d'autant plus difficile au cours de cette saison avec l'application, depuis le moi de mai dernier, de la réglementation sur le repos biologique des poissons imposé jusqu'au mois d'août. Les pêcheurs, en effet, ne doivent pas pêcher sur une zone de 3 miles nautiques, soit sur 5 km de côte, sauf les petits sardiniers. «Il n'y a que les chalutiers qui sont soumis à cette réglementation. Les petits sardiniers peuvent pêcher à proximité de la côte. Mais le problème, c'est que ces derniers utilisent la dynamite, détruisant non seulement les poissons mais aussi les œufs ! Les explosifs sont une véritable menace pour la reproduction», fait savoir M. Kabèche. A ce propos, il estime que la période du repos biologique (quatre mois) n'est pas suffisante. «Il faut au mois six mois de repos biologique pour laisser les poissons se reproduire et les jeunes poissons grandir. Du mois d'avril jusqu'à septembre, période à laquelle les poissons sont pleins. Mais ce qu'il faut surtout, c'est une nouvelle politique sur la pêche», souligne-t-il avant de s'interroger : «A quoi cela sert d'établir des réglementations si nous ne les appliquons pas ?» Quant à l'indemnisation des marins pêcheurs touchés par la période de repos biologique, comme annoncé par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, M. Kabèche ne pense pas qu'elles soient suffisantes pour couvrir les dépenses des 5000 chalutiers recensés pour 50 000 professionnels enregistrés.