Depuis hier, le Sud-Soudan est officiellement indépendant. Dès l'annonce de la proclamation formelle du nouvel Etat, à Juba, et dans les principales villes du pays, des millions de personnes ont envahi les rues pour célébrer cet événement, tant attendu depuis plus de cinq décennies. «Nous, les représentants démocratiquement élus du peuple, en se basant sur la volonté du peuple du Sud-Soudan, et comme l'ont confirmé les résultats du référendum sur l'auto-détermination, proclamons par la présente le Sud-Soudan une nation indépendante et souveraine», a déclaré le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga devant les 30 dirigeants africains, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki Moon et des hauts responsables d'autres pays, notamment américains et français, présents lors de la cérémonie officielle. Après avoir hissé le nouveau drapeau du Sud-Soudan sous les applaudissements frénétiques de la foule, M. Igga a également souligné l'engagement de la jeune nation à des relations «amicales» avec tous les pays «y compris la République du Soudan». La cérémonie, qui s'est tenue au mausolée de l'ex-leader rebelle sudiste, John Garang, a été lancée par des sermons de deux dignitaires religieux, l'un musulman et l'autre chrétien, avant une parade militaire de l'Armée populaire de libération du Soudan, les ex-rebelles sudistes. Salva Kiir a ensuite prêté serment en tant que premier président du pays, en jurant de «favoriser le développement et le bien-être du peuple du Sud-Soudan». Mais, le fait le plus marquant était, sans équivoque, la présence du dirigent nordiste, Omar El Bachir à Juba. Le gouvernement de M. Béchir avait reconnu, dès vendredi, la future République du Sud-Soudan, bien que des dossiers épineux n'aient pas été encore réglés, dont le partage des richesses pétrolières et le statut de provinces frontalières contestées. Pour sa part, le secrétaire général de l'Onu a assuré que son institution «et la communauté internationale continueront à rester aux côtés du Sud-Soudan». Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté vendredi à l'unanimité une résolution créant une Mission des Nations unies au Sud-Soudan (Minuss) dotée de 7.000 soldats, de 900 civils et d'experts pour contribuer à la construction du pays et à la sécurité. Les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Chine, la Grande Bretagne, l'Australie et d'autres pays ont également reconnu le Sud-Soudan comme Etat souvrain.