Le ton est, une nouvelle fois, monté en Egypte lorsque des milliers de manifestants ont appelé à la destitution du Conseil suprême des forces armées et à la démission du Premier ministre Essam Charaf, à qui ils reprochent la lenteur prise dans les réformes démocratiques. «Le peuple veut la chute du marchéal », en référence au maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA). Les Egyptiens désapprouvent le rythme des réformes conduites par le gouvernement Charaf sous la bannière de l'armée. Et ils le font savoir clairement. Mardi, le ton est monté d'un cran, lorsque des milliers de manifestants ont défilé sur la célèbre place Tahrir, au Caire, réclamant le départ du maréchal Tantaoui, et, rien de moins, la destitution du Conseil supérieur des forces armées, au pouvoir depuis le renversement de Hosni Moubarak, le 11 février. Les contestataires, qui trouvent insuffisantes les mesures d'apaisement présentées par le Premier ministre Essam Charaf ont marché jusqu'au siège du gouvernement, protégé par des soldats et des blindés. Ils ont également réclamé « justice pour les martyrs » en référence aux civils tués lors de la révolte anti-Moubarak. Les manifestants réclament une purge dans la police ainsi qu'une justice plus ferme et plus rapide à l'égard des anciens dirigeants. Ils exigent aussi le limogeage des ministres proches de l'ancien pouvoir. La réaction de l'armée ne s'est pas fait attendre. Et la fermeté était au rendez-vous. Dans un message télévisé, un membre du CSFA, le général Mamdouh Chahine, a répondu que l'armée ne « renoncerait pas à son rôle dans la gestion des affaires du pays pendant cette période critique de l'histoire de l'Egypte ». L'institution « suprême » du pays a aussi mis en garde contre « la dérive de certains manifestants par rapport à une approche pacifique » en prévenant que « si l'armée n'utiliserait pas la force contre les manifestants, elle ferait preuve en revanche de fermeté face à toute tentative de sabotage ». La même fermeté a été observée au sujet du Premier ministre dont la tête est réclamée par les protestataires, pourtant à l'origine de sa nomination. L'armée a réaffirmé son soutien à M. Charaf, mais si ce dernier apparaissait affaibli, pris entre les exigences des manifestants et les réserves du Conseil militaire. L'armée a également une nouvelle fois promis de rendre le pouvoir aux civils après la tenue d'élections législatives et présidentielle, et l'adoption d'une nouvelle Constitution. Rappelons que de grandes manifestations avaient déjà eu lieu vendredi dernier au Caire et dans plusieurs autres villes, pour critiquer l'armée ainsi que le Premier ministre de transition Essam Charaf. Ce dernier a promis le renvoi de tous les policiers accusés de meurtre de manifestants lors de la révolte du début de l'année, qui a fait officiellement près de 850 tués civils, et a annoncé un remaniement ministériel d'ici une semaine. Les manifestants qui tiennent depuis vendredi des sit-in place Tahrir mais également dans les grandes villes d'Alexandrie et de Suez, ont estimé ces annonces insuffisantes. Ils se sont déclarés, hier, déterminés à rester pour réclamer des réformes, malgré un avertissement formulé par le CSFA.