Tous les responsables qui ont pris la parole pour commenter la grève du PNC d'Air Algérie ont reconnu la légitimité des revendications des travailleurs de la compagnie nationale, soulignant néanmoins le caractère sauvage de ce débrayage qui ne règle rien, et qui, au contraire, pénalise au plus haut point les milliers de passagers piégés dans les aéroports. La grève du personnel navigant commercial de la compagnie nationale Air Algérie n'a pas fait que marquer cette semaine, elle a failli, n'était un établissement d'écoute entre les pouvoirs publics et les grévistes, gâcher les vacances de milliers de vacanciers et d'estivants en partance pour l'étranger ou encore en visite au pays, s'agissant de la communauté nationale vivant en Europe et ailleurs. Plus qu'une grève, il s'est agi, selon des avis exprimés çà et là, d'une véritable prise d'otages des vacanciers et autres passagers d'Air Algérie. A ce dernier titre, cette grève, si elle a été perçue de cette façon par bon nombre d'observateurs et de commentateurs, c'est qu'effectivement elle avait un défaut que n'ont pas eu de nombreuses grèves déclenchées cette année et qui ont eu droit à une très grande écoute de la part de l'Etat, à savoir le défaut d'être une grève sans préavis Au début du mois de juin, le syndicat représentant le personnel navigant commercial constitué d'hôtesses et de stewards annonce son intention d'agir en pleine saison estivale. Un communiqué énonçant les raisons du débrayage annoncé et prévu pour la mi-juin, appelle à un dialogue avec la direction d'Air Algérie. La pression est importante, car la saison estivale est une période très sensible de grand trafic aérien et une grève viendrait ruiner la saison et avec elle la crédibilité de la compagnie nationale auprès de ces habitués, dont la majorité sont des membres de la communauté algérienne résidant en Europe. La direction d'Air Algérie reçoit alors des représentants du syndicat du Personnel navigant commercial (PNC) qui ont eu la possibilité de lui exprimer leurs revendications, et voit, en même temps, la justice décider de l'annulation du mot d'ordre de grève. Malgré cela, le trafic aérien est affecté par un mouvement de grève au sein du PNC et pas un seul appareil d'Air Algérie ne put décoller ce jour-là du tarmac de l'aéroport international Houari-Boumediene. Voilà donc une grève qui a eu lieu, dont le préavis qui l'annonçait a été de fait consommé. Pour qu'une autre grève puisse légitimement être organisée, il fallait de nouveau un autre préavis qui est à la fois un moyen de prévenir les parties au dialogue pour qu'ils sachent faire face à la situation dans le sens de les faire réagir vis-à-vis de la nécessité d'un dialogue, et dans le sens également de faire savoir aux milliers d'usagers d'Air Algérie qu'une grève a lieu et que de ce fait leurs déplacements programmés ce jour-là, peuvent être compromis. Le PNC a organisé sa grève sans préavis, entrant dans une logique de bras de fer avec la Direction de la compagnie, et immobilisant dans plusieurs aéroports d'Europe, d'ailleurs et d'Algérie des milliers de voyageurs censés être transportés dans tous les sens sur au moins 142 vols. LA REACTION DES OTAGES Tous les responsables qui ont pris la parole pour commenter la grève du PNC d'Air Algérie ont reconnu la légitimité des revendications des travailleurs de la compagnie nationale, soulignant néanmoins le caractère sauvage de ce débrayage qui ne règle rien, et qui, au contraire, pénalise au plus haut point les milliers de passagers piégés dans les aéroports. Le débrayage ayant cessé au bout du cinquième jour, les passagers ainsi sortis de cette mésaventure, auront longtemps en mémoire leur séjour forcé dans les aéroports dans l'attente d'un avion pour les emmener chez eux ou leur permettre de rejoindre leur lieu de vacances qu'ils ont dû payer au prix fort. Le personnel navigant d'Air Algérie se confondant en termes d'image avec sa compagnie, il est certain qu'à cause de cette grève sans appel, un déficit important de confiance sera enregistré, qu'il faudra beaucoup de temps pour réparer et, surtout, de formidables ressorts marketing qu'Air Algérie devra mobiliser des mois durant. Pris en otages dans des conditions particulièrement inacceptables, les Algériens, d'habitude ayant une propension à sympathiser avec tous les mouvements syndicalistes, sont loin de bénir la grève du PNC. LA FIN JUSTIFIE-T-ELLE LES MOYENS ? Il est courant, dans les grandes compagnies de la taille d'Air Algérie, qu'un changement à la tête du management, quand bien même il aurait été jugé opportun ou utile, suscite une angoisse, des inquiétudes et des attentes si importantes de la part des différents personnels que cela peut être générateur de crise et de tension. Cela devient plus grave et peut donner lieu à des passages à l'acte du genre que fut la grève ainsi vécue quand les inquiétudes nourries des jours durant se transforment en certitudes négatives dans la plupart des esprits. C'est du moins ainsi qu'aurait pu être perçu l'écart important entre les revendications salariales du PNC, qui semblaient reposer sur des référents comptables précis qui ne s'accommodent pas de chiffres ronds (on retiendra qu'il était demandé 106 % d'augmentation et non 100 %), et ce que la nouvelle direction disait pouvoir consentir comme augmentation (20 %) dans les conditions financières qu'elle a dit être celles d'Air Algérie. Cet écart aurait-il été à l'origine d'une grève peu orthodoxe de surcroît décidée et menée par un syndicat rompu à l'activité syndicale ? Quoi qu'il en soit, ce ne sont là que des hypothèses qui tentent non pas de justifier, mais plutôt d'expliquer ce qui s'est réellement tramé dans les esprits au point de les échauffer et les pousser à gâcher les vacances et les voyages de milliers de passagers. En fait, quand le dialogue existe entre deux parties dont la prospérité est tributaire du même navire, les échecs que ce dialogue peut connaître sont autant de raisons de le prolonger. Cela est d'autant plus déterminant pour le dialogue et les parties en dialogue que la finalité n'en est pas de sortir avec des vainqueurs et des vaincus, mais avec un compromis. Gageons que les deux parties ont gagné en sagesse après cette grève pas comme les autres.