C'est devenu, en effet, une tradition pour de nombreux Batnéens de tous les quartiers de la ville, de cotiser pour la location d'un bus qui assure l'aller et le retour vers une plage, généralement dans les wilayas de la côte Est, comme Jijel, Béjaïa, Skikda, Annaba ou El Tarf. Cette tradition s'est consolidée d'année en année par une meilleure organisation des estivants, permettant aux randonneurs d'en tirer le maximum de profit, avec davantage de confort et à moindre frais. Ces excursions spontanément organisées par les voisins de tous les quartiers, entre jeunes ou entre familles, ne se limitent pas, en fait, à la saison estivale. Elles se déroulent durant toute l'année, vers les stations thermales de toute la région Est, notamment les Hammams Debagh, Meskhoutine, Ouled Ali dans la wilaya de Guelma, Salihine dans la wilaya de Biskra, Knif et Salihine dans la wilaya de Khenchela, Ksob dans la wilaya de Batna ou encore Teleghma dans la wilaya de Mila. En été, si la destination des hammams est moins prisée, sauf pour les curistes qui s'y rendent encore par nécessité, la plupart des excursionnistes choisissent de passer la dernière journée de la semaine sur une plage, à se dorer au soleil et à faire trempette. A la cité Kechida, à l'ouest de Batna, l'Association auressienne de promotion du tourisme anime depuis 1987 des sorties hebdomadaires vers les stations thermales et les plages. Selon son président, M. Ali Gaouda, «les randonneurs payaient chacun 1.200 dinars ; actuellement une journée à la plage ne coûte pas plus de 400 dinars, repas compris. Nous arrivons à offrir ces loisirs à un millier de citoyens chaque année et sans cette formule, toutes ces personnes aux revenus modestes et sans véhicule familial, ne peuvent pas avoir accès à ces excursions». Pour lui, comme pour d'autres citoyens de Batna, «ce tourisme de proximité mérite d'être encouragé, notamment par les collectivités locales qui sont en mesure d'aménager des espaces d'accueil, des terrains de camping, des gîtes ruraux, des auberges de jeunesse et des circuits de randonnées». De plus, considère-t-il, «une association qui s'occupe de tourisme de proximité est en mesure de contribuer sérieusement à l'éducation environnementale de ses adhérents mais également du public, à condition que les collectivités apportent leur concours, pour mieux encadrer, orienter et développer le tourisme local». Dans ce contexte, M. Gaouda, qui œuvre en faveur du tourisme populaire «depuis bientôt un quart de siècle», espère obtenir de l'aide pour organiser un camp de vacances dans la wilaya de Jijel ou dans la wilaya d'El Tarf. Son association projette, en outre, d'organiser une formule pour encourager le tourisme populaire à destination de Batna et de sa région, en vue de promouvoir les richesses naturelles, archéologiques, culturelles et historiques des Aurès. Pour ce faire, il compte encore une fois sur l'aide des collectivités pour ouvrir des gîtes ruraux dans certaines localités qui se distinguent par un potentiel touristique remarquable et des sites naturels accueillants. Il cite à ce propos le cas de huit communes de la wilaya de Batna, limitrophes du parc national de Belezma, dont la forêt de cèdres, de chênes et de pins s'étale aux confins de la cité Kechida, une aire protégée qui se prête de façon idéale au tourisme de découverte, aux amateurs d'écologie et de randonnées pédestres en montagne. M. Gaouda déplore, cependant, la fermeture du parc animalier de la commune de Djerma, et l'envahissement des sites protégés tels que le Ravin Bleu, le Pic des Cèdres et Hamla, par des visiteurs véhiculés peu respectueux de l'environnement, et non encadrés par des guides et des forestiers du parc. Le même constat est également valable pour d'autres sites touristiques de la wilaya de Batna, notamment dans la commune de Oued Taga, à l'est de Batna, sur la route, où chaque week-end des centaines d'automobilistes se rendent en famille, à la source de Berbaga pour pique-niquer et s'approvisionner en eau minérale, à la source. Le site de Berbaga où de nombreux jeunes profitent pour s'improviser gérants de débits de café, ou vendeurs de thé ou de brochettes, n'est pas aménagé pour accueillir des automobilistes et des promeneurs, ce qui n'est pas sans risque pour les citoyens comme pour l'environnement exposé à la dégradation et la pollution.