«Si nous n'agissons pas maintenant, la famine va s'étendre aux huit régions du sud de la Somalie». La situation est des plus dramatiques. L'état de famine a été proclamé dans deux régions du sud de la Somalie et plus de douze millions de personnes risquent une malnutrition aiguë les six prochains mois dans la Corne de l'Afrique. Dans un communiqué publié hier, l'ONU déclare d'ores et déjà que la famine touche plus de 300.000 personnes dans le sud de Bakool et Lower Shabelle, deux régions du sud de la Somalie, évoquant « la plus grave crise alimentaire en Afrique » en 20 ans, selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ON (Ocha) en Somalie. « Si nous n'agissons pas maintenant, la famine va s'étendre aux huit régions du sud de la Somalie dans les deux mois à venir, en raison de mauvaises récoltes et de l'apparition de maladies infectieuses », a averti Mark Bowden, coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Somalie. L'ONU dit parler de famine quand au moins 20% des foyers sont exposés à une très forte pénurie alimentaire, quand le taux de malnutrition aiguë dépasse les 30% et quand le taux de mortalité dépasse les deux personnes sur 10.000 par jour. Ocha estime que près de la moitié de la population somalienne, soit 3,7 millions de personnes dont 2,8 millions vivant dans le sud, sont désormais en situation de crise. Djibouti, l'Ethiopie, le Kenya et l'Ouganda sont également affectés par cette crise alimentaire, où la situation s'est aggravée par les guerres et les conflits. Vu l'urgence d'une solution, la communauté internationale a lancé un plan d'aide pour récolter les fonds nécessaires aux programmes d'actions de l'ONU et ses institutions, revus hier à la hausse par l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) (120 millions de dollars supplémentaires, dont 70 millions pour la Somalie et 50 millions pour l'Ethiopie, le Kenya, Djibouti et l'Ouganda). Emboîtant le pas à Paris, Londres et Berlin, Washington a également réclamé une mobilisation mondiale contre la famine dans la Corne de l'Afrique. «Tous les donateurs dans la communauté internationale doivent s'engager à des mesures supplémentaires», a déclaré la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton, annonçant un effort supplémentaire de 28 millions de dollars pour la Somalie et les réfugiés somaliens au Kenya. Washington avait jusqu'à présent engagé 431 millions de dollars en assistance depuis le début de l'année. Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a, pour sa part, estimé que la crise alimentaire a pour principale cause l'instabilité de la région, recommandant que la solution de la crise soit accompagnée par une solution pour la paix.