Au total, 14,6 millions de personnes sont menacées par un «désastre» si les donateurs ne se mobilisent pas très rapidement, ont prévenu mardi, à Nairobi, des agences de l'ONU. Frappées de plein fouet par la sécheresse et la flambée des prix des denrées de base, plus de 14 millions de personnes sont menacées de graves pénuries alimentaires en Afrique de l'Est, victime d'un «mélange mortel» de calamités, s'alarment les humanitaires. «Un mélange mortel de sécheresse, de conflits qui prennent de l'ampleur, d'augmentation des prix des produits alimentaires et de l'énergie, de maladies et de grande pauvreté pousse les enfants et leurs familles au bord du désastre», a averti l'ONU. Un «cocktail toxique» de facteurs fait qu'entre 9 et 13 millions de personnes «ont un besoin urgent d'assistance humanitaire» en Afrique de l'Est, a renchéri jeudi l'organisation britannique Oxfam. «La hausse astronomique des prix alimentaires risque de plonger des millions de personnes dans une famine grave», selon Oxfam. Au total, 14,6 millions de personnes sont menacées par un «désastre» si les donateurs ne se mobilisent pas très rapidement, ont prévenu mardi à Nairobi des agences de l'ONU. «La situation est extrêmement inquiétante; cette année, la hausse des prix, combinée avec la sécheresse, fait que des populations de plus en plus nombreuses (...) ont besoin d'aide pour survivre», a indiqué hier Peter Smerdon, porte-parole à Nairobi du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU. «Nous - ONU, ONG, gouvernements et donateurs - devons réagir maintenant pour ramener la situation sous contrôle, sinon on fera face à une souffrance considérable et une augmentation du nombre de morts», a-t-il prévenu. Au moins 2,6 millions de Somaliens - sur une population totale de 9 à 10 millions - font face à une grave crise alimentaire, mais ce chiffre pourrait monter à 3,5 millions d'ici la fin 2008, selon l'ONU. «Environ 180.000 enfants souffrent de malnutrition sévère en Somalie», un chiffre en augmentation de 11% ces six derniers mois, a averti hier l'Unité d'analyse pour la sécurité alimentaire (FSAU) en Somalie, gérée par l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Dans certaines régions, les «pluies font défaut pour la quatrième saison consécutive», relève la FSAU. La situation est aggravée par le retrait massif des humanitaires de Somalie, en guerre civile depuis 1991 et où règne actuellement une forte insécurité. Le PAM a lancé un appel urgent aux dons de 254 millions d'euros pour nourrir jusqu'à la fin 2008 des populations menacées de famine en Somalie, mais aussi en Ethiopie, à Djibouti, au Kenya et en Ouganda. En Ethiopie, dont la région de l'Ogaden (sud-est) est le théâtre d'une vaste opération de l'armée contre une rébellion, 4,6 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence à cause d'une grave sécheresse, selon l'ONU. Cette sécheresse replonge les 80 millions d'Ethiopiens dans les cauchemars de la famine de 2003, et surtout des terribles famines des années 80 qui avaient fait près d'un million de morts. Au Kenya, qui sort d'une grave crise post-électorale ayant provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, 1,2 million de personnes ont un besoin urgent d'aide alimentaire, selon l'ONU. En Ouganda, 707.000 personnes font face à la famine dans la région aride et marginalisée de Karamoja (nord-est), peuplée surtout d'éleveurs, selon la même source. A Djibouti, petit pays semi-désertique qui a été frappé par plusieurs sécheresses ces dernières années, 80.000 personnes font face à de graves pénuries alimentaires, selon l'ONU. En Erythrée, la sécheresse et l'impact de l'augmentation des prix mondiaux vont probablement avoir des conséquences humanitaires graves, alors que depuis début 2006, le gouvernement autoritaire d'Asmara a ordonné à au moins neuf ONG de quitter le pays.