L'Algérie compte 1,5 million de personnes affectées par les hépatites. « Le plus grave réside dans le fait que ces personnes ne savent pas en général qu'elles sont porteuses de ce virus et le découvrent fortuitement et à un stade avancé », a indiqué M. Abdelhalim Bouallag, président de l'association SOS Hépatites, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, célébrée jeudi à l'hôtel Safir de Zéralda. Selon lui, les spécialistes sont conscients des défis qui doivent être relevés pour lutter contre la propagation de cette maladie « L'effort fourni ne répond pas aux besoins des patients en termes de prise en charge sérieuse», a-t-il déploré. Et d'ajouter : «la mauvaise prise en charge est fatale aux patients ». Dans ce contexte, le conférencier a tiré la sonnette d'alarme sur ce virus qui est 10 fois plus mortel que le virus du sida. C'est pour cela que son association s'est engagée, d'après lui, dans une bataille de l'information et de sensibilisation pour la mise en place d'un plan national de lutte contre les hépatites. Tout en pointant du doigt l'absence des responsables centraux du secteur de la Santé qui ne prennent pas aux sérieux ce dossier, M. Bouallag a annoncé qu'un sit-in sera organisé le mois de septembre prochain devant le siège du ministère de la Santé pour attirer l'attention des services concernés sur l'ampleur de cette maladie. Selon lui, le rassemblement verra la participation de 50 personnes atteintes d'hépatites de chaque wilaya. «200 milliard DA ont été déboursés par les pouvoirs publics en 2010 pour la couverture médicale de cette maladie, mais qu'en est-il de la prise en charge thérapeutique ?», s'est interrogé le président de l'association. Pour sa part, Mme Badra Benkedadra, conseillère auprès du cabinet du ministre de la Santé, a avancé que 1340 cas d'hépatite «B» ont été recensés en 2010 contre 360 cas atteints d'hépatite «C» en 2009. Les wilayas les plus touchées, dira-t-elle, sont Khenchela, Tébessa, M'sila et Souk Ahras. Raison pour laquelle, le département de la Santé a mis en place un programme appuyant la vaccination obligatoire contre les hépatites qui sont également dépistées au niveau des 61 structures spécialisées dans le dépistage du VIH. «Il est urgent d'améliorer le système de notification pour améliorer le processus des statistiques et de prise en charge», a-t-elle recommandé. Dans ce contexte, elle a affirmé qu'un groupe de travail mixte a été installé par le ministre de la Santé il y a quelques mois pour réaliser un programme de lutte contre les hépatites. « Il sera validé fin 2011», a indiqué M. Benkedadra. Pour elle, des progrès considérables avaient été réalisés dans le domaine thérapeutique (une guérison était obtenue chez 50% des malades atteints d'hépatite C et un contrôle chez 80% de ceux atteints d'hépatite B) et ces progrès devaient permettre à terme de réduire la mobi-mortalité de ces infections. Pour rappel, deux milliards de personnes sont porteuses d'hépatite dans le monde dont 500 millions en sont atteintes. Au total, 70% des personnes atteintes de ce virus deviennent chroniques alors que 20% arrivent au stade de la cirrhose du foie qui, à son tour, se développe en un cancer du foie. Ce sont ces chiffres alarmants qui ont poussé l'Organisation mondiale de la santé à lancer un appel à l'unité dans la lutte contre ce fléau.