Nacéra Belaza est une chorégraphe et danseuse autodidacte qui a construit sa voie à partir d'un questionnement personnel. Ses influences proviennent de toutes parts, chaque art lui apportant autant de points de vue qui l'aident à comprendre et à définir son propre langage, celui du corps. Elle a dernièrement donné, aux côtés de sa sœur Dalila, une déambulation artistique au «Mama», Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger. Il s'agit de la création d'une nouvelle pièce avec laquelle Nacéra Belaza compte participer au Festival d'Avignon en 2012. Puis, elle a présenté au large public des extraits de la pièce «Le temps scellé». Abstraites, en lien profond avec une forme de spiritualité, les pièces de Nacéra Belaza cherchent à toucher l'âme. L'esprit de sa danse est d'emblée tourné vers la rencontre. Nacéra Belaza a développé avec sa sœur et d'autres complices de création un chemin bien à elle. Donner au mouvement une puissance émotionnelle égale à celle de la musique est l'une des clés de ce mystère scellé à même les corps. Cette magie du spectacle se retrouve chez Nacéra Belaza qui conquiert littéralement le public. Le spectateur admire sa forte présence sur scène et son talent élevé de chorégraphe. Nacéra Belaza, mieux que quiconque, sait communiquer ce puissant esprit créateur, avec une vision artistique enrobée de candeur et d'espoir. Dans ce nouveau projet, la chorégraphe poursuit sa recherche. Elle réinterroge son propre geste en le confrontant à celui de quatre jeunes danseurs autodidactes, tout comme elle. Nacéra Belaza a réussi son pari. Celui de constituer une compagnie de danse à Alger. Vous dirigez en France une compagnie qui s'engage à organiser régulièrement des stages et des ateliers de formation au profit des jeunes. Quel bilan faites-vous aujourd'hui de cette démarche ? Je viens de constituer un petit groupe. Ce dernier regroupe quatre comédiens autodidactes. On essaye d'organiser régulièrement des performances, des présentations, des échanges et des discussions avec le public de façon à le sensibiliser à la danse contemporaine, et lui donner une autre vision de la danse. J'admets que ce projet me passionne. On compte participer, avec ce projet, au Festival d'Avignon en 2012. Et si tout se passe bien, je poursuivrai ce projet à long terme. Qu'a-t-elle de spécifique votre danse comparativement aux autres danses classiques ou folkloriques ? Ma danse est une danse autodidacte. C'est-à-dire qu'elle se base sur le corps de l'être humain qui la pratique et non sur des codes extérieurs qu'on se transmet d'une discipline à une autre. C'est un questionnement qui a trait à l'être humain, son fonctionnement, sa quête, sa réflexion, qui englobe toutes les dimensions de l'être humain. Avez-vous eu de la lassitude en interprétant des pièces parfois «absconses» ? L'art ne doit pas se niveler, le but n'est pas d'avoir un projet ou une création absconse ou hermétique mais l'essentiel est de maintenir la danse en la rendant plus accessible. Pour cela, le travail repose aussi sur le public. Vous avez émis le souhait dernièrement de constituer une compagnie de danse à Alger. Vous y tenez toujours ? En parallèle à ma compagnie en France, je projette la constitution d'une compagnie de danse à Alger. En clair, c'est un début du noyau que j'ai commencé à travailler à Alger. Pourquoi avoir choisi le «Mama» pour présenter votre projet ? J'ai voulu mettre la danse au même niveau que les autres arts pour que le public ait une vision plus exigeante sur la danse.