Spectacle n La compagnie chorégraphique Nacera Belaza a présenté, hier, vendredi, au Théâtre national, un spectacle de danse intitulé Le Cri. Cette représentation chorégraphique – il s'agit d'un spectacle à caractère abstrait – rend visiblement compte de l'entité corporelle en mouvement. Le corps investit la scène, il l'occupe de manière à s'y montrer, à s'y affirmer comme tel, comme étant une situation langagière qu'il s'emploie à décrire en étant en étroite relation avec l'espace et le temps qui, tous deux, règlent son parcours, aiguillent sa trajectoire. Le corps n'est plus une entité matérielle. Il devient sujet, celui sur quoi s'exerce une recherche, celui qui constitue le fond d'une réflexion, c'est aussi celui qui provoque une action, des sentiments. Anonyme au départ, le corps devient alors, au fil du mouvement et de la gestuelle, sujet à travers lequel s'organise le langage et par lequel il – le corps – se dit. Le corps parle, il crie ; et cette parole, cet éclat de voix, certes sourde et imperceptible à l'ouïe, se font toutefois sensiblement entendre par le mouvement. Ce mouvement que l'on perçoit et ressent est rendu essentiel et encore sensoriel grâce au son et à la lumière qui, tous deux, structurent et signifient ce dernier – le mouvement – dans son exécution et ses déplacements multiples. Interrogée sur son spectacle, Nacera Belaza, danseuse et chorégraphe autodidacte, a expliqué que l'objectif de sa création n'est pas de véhiculer un message, mais de faire ressentir une situation, donc de faire recevoir des émotions, puisque la danse est un art, et comme tout art, elle est sensibilité. Le Cri véhicule ainsi une forte charge de sentiments et d'impressions. S'exprimant ensuite sur le titre, elle a dit : «La manière dont j'utilise le titre s'inscrit dans une démarche individuelle. Le titre n'est pas une explication, c'est juste une façon de séduire, d'attirer l'attention sur le spectacle. Le titre est comme une clé pour mieux pénétrer le mystère de la création et la ressentir en conséquence» Nacera Belaza, vivant et travaillant en France, est chorégraphe et aussi danseuse. Après des études de lettres, elle décide de se consacrer à la danse et crée ainsi sa propre compagnie en 1987. Onze créations sont à son actif. Elle enseigne l'art du corps en France comme à l'étranger à travers des workshops en Egypte, en Palestine, en Hollande, en Suisse, en Tunisie et même en Algérie où elle a encadré de jeunes danseurs algériens. Nacera Belaza a également collaboré avec le théâtre dans de nombreuses pièces, notamment avec Ayad Ziani Chérif : elle a signé des compositions chorégraphiques dans «Les Martyrs reviennent cette semaine»,«Nedjma», «El-Machina».