Photo : Slimen S.A. Devant le rétrécissement du portefeuille foncier, dans les principales villes du pays, 57 000 hectares de terres agricoles vont être soustraits au domaine agricole et ce, pour répondre aux besoins fonciers pour la construction de projets de logements et d'infrastructures publiques. Ces terres se trouvent pour la plupart dans des régions à fort potentiel agricole, des terres nourricières, à l'image des plaines de Skikda, El Tarf, Annaba, mais aussi dans la périphérie d'Alger, dans les communes qui ont toujours été des sources d'approvisionnement de nos marchés en fruits et légumes.Le recours à la politique de déclassement des terres en question qui est frappé du sceau de l'urgence et de la nécessité impérative nécessite désormais, l'autorisation du Premier ministre. Ce dernier vient de signer un décret, publié au journal officiel, dans ce sens, spécifiant la région, la localité et la superficie en question. La centralisation de la décision de déclassement des terres, confiée à un échelon plus élevé de l'exécutif, est une mesure tendant à préserver les terres agricoles, dont la gestion n'obéissait avant à aucune règle en matière de transfert du domaine national au maître d'œuvre. Cela a donné des résultats inquiétants avec le sacrifice de grandes terres fertiles comme celles de la Mitidja sous la poussée du béton.La maffia de l'immobilier a, dès 2000, accéléré son emprise des différentes assiettes existantes dans la périphérie des grandes villes, à telle enseigne que des pratiques nouvelles se sont faites jour où des exploitants avaient été contraints de céder leurs terres en jouissance. En 2006, avec le lancement de plusieurs programmes d'infrastructures, un cadre de l'agriculture alertait l'opinion publique sur le bradage inquiétant commis sur les meilleures terres. Il précisait que «3000 ha avaient déjà ainsi été touchés» et «cinq mille autres considérés parmi les meilleures terres d'Alger risquaient de subir un sort identique d'ici 2015». Le phénomène ne se réduit pas à la seule wilaya d'Alger bien qu'il soit le plus fort. Selon une étude récente du ministère de l'Agriculture, l'urbanisation a, depuis l'indépendance, sacrifié un potentiel important de terres arables et irriguées. «L'extension des villes et des zones d'activités s'est toujours faite au détriment des terres agricoles qui ont tendance à se rétrécir inexorablement», ajoute l'étude. Cela a de quoi inquiéter lorsqu'on sait que «17% seulement des terres et 1,7% des forêts sont utilisées pour l'agriculture». Les terres ne sont pas utilisées uniquement pour les programmes de logements ou d'infrastructures, mais à des projets aussi incontournables, destinés à l'agriculture en même temps. A titre d'exemple, un barrage comme celui de Koudiet Acerdoune (Bouira) consommera, à lui seul, selon des estimations officielles, jusqu'à 1250 ha de terres.