Saïda Benhabilès, ex-ministre et actuellement présidente de l'Association de la femme rurale, s'engage, durant ce mois sacré, dans des actions de solidarité au profit des démunis et des nécessiteux. Résultat : elle a souvent soif parce qu'elle dépense beaucoup de salive afin de convaincre le maximum de gens à s'impliquer dans ce processus, qui doit s'ériger, selon elle, en culture pendant toute l'année. Que pensez-vous de ce ce mois sacré ? C'est un mois comme les autres. Sauf qu'on redouble d'efforts pour aider un bon nombre de nécessiteux n'arrivant pas à subvenir à leurs besoins. J'ai sillonné moult villages ruraux et j'ai même fait du porte-à-porte pour apaiser la détresse de certaines personnes. Nous avons soutenu plus de 3.000 familles dans la discrétion la plus absolue. C'est dire que je n'ai même pas le temps pour apprécier les plaisirs de ce mois béni par Dieu. Je précise que l'association se contente seulement de mettre en contact les nécessiteux avec les donateurs sans s'impliquer directement dans ces actions de solidarité. Faire carême est un principe religieux. Un appel de Dieu auquel on doit répondre. Si on jeûne un mois, il existe des gens qui ont faim toute l'année. Ce mois nous aide à prendre conscience de la souffrance des autres. Pas de répit alors ? Effectivement. Je me lève comme d'habitude à 6 h 30 et je suis debout jusqu'à 23 h 30. Depuis 1990, je n'ai pas pris un seul jour de congé. La souffrance et la misère n'ont pas de congé. Je fais de la solidarité quotidiennement. Mon travail n'est pas conjoncturel. J'assume parfaitement mon choix qui est de tenter de semer autour de moi un peu d'espoir. Je le fais de manière délibérée et avec beaucoup de plaisir. Les Algériens sont-ils solidaires ? Je pense que oui. Hélas, il est malheureux de voir la solidarité se transformer en charité. Je suis viscéralement contre le couffin du Ramadhan. C'est une négation du bon sens. Par respect à la dignité des démunis, l'Etat peut leur offrir des sommes d'argent qu'ils pourront débourser comme bon leur semble. La solidarité doit être une action quotidienne. Une culture qui s'opère dans le respect total de la dignité de nos semblables. Il vous est aisé de concilier travail de terrain et tâches ménagères ? Je dois dire que je sacrifie tout ce qu'aiment les femmes : «el kaâdat et sahrat.» J'ai la chance d'avoir une sœur qui m'aide à faire la cuisine. Je ne prends pas de chorba et aucune friture. Je préfère les salades et surtout le «hmis». J'adore aussi les dattes que je savoure même en soirée en remplacement des sucreries. Je ne sors pas la nuit et je ne me lève pas pour le s'hour. Entre manger et dormir, je choisis le sommeil. Je réponds parfois à certaines invitations et rencontres familiales.