Une chose est certaine : la crise qui secoue la Syrie depuis plus de quatre mois a permis aux pays émergents de montrer des muscles devant une Amérique fragilisée par trois guerres (Afghanistan, Irak et Libye) et une crise financière extrêmement aiguë. Si la Turquie, avec le consentement américain, s'est d'ores et déjà posée comme l'élément clé dans le règlement du conflit, contrairement à son voisin iranien, sonné par la dégringolade proche de son allié syrien, d'autres pays de la même trempe revendiquent une place dans ce grand déballage géostratégique. L'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, tous membres du Conseil de sécurité de l'ONU, ont appelé jeudi Bachar al Assad, lors d'une rencontre, à « la retenue » et à la « fin immédiate des violences ». Acculé de toutes parts, le président syrien, tout en poursuivant sur le terrain une répression contre les manifestants, a assuré à ses invités son « engagement envers le processus de réformes, dont l'objectif est d'ouvrir la voie à une démocratie multipartite ». La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, ne compte pas se laisser distancée. Elle tente de faire jouer à maxima cette nouvelle donne, en espérant charrier la Chine et la Russie au peloton afin d'asséner le dernier coup de grâce au régime syrien. Elle a appelé jeudi ces deux pays, principaux alliés de la Syrie, à augmenter la pression en recourant aux sanctions économiques et militaires. « Ce que nous devons vraiment faire pour mettre la pression sur Assad, c'est sanctionner l'industrie gazière et pétrolière. Et nous voulons voir l'Europe faire plus d'avancées dans cette direction », a-t-elle suggéré. Pas moins que les sanctions économiques, Washington, qui avançait jusqu'ici à tatillons en confiant presque la gestion du « dossier » à la Turquie, semble vouloir tordre le cou au président syrien. Des responsables américains ont déclaré que l'administration Obama envisageait d'appeler explicitement Bachar al Assad à quitter le pouvoir, un pas jusqu'ici jamais franchi pour la Syrie. Dans ce qui semble être un « dernier » appel à la « raison », et avant d'enclencher la mécanique ultime, le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ont évoqué jeudi au cours d'une conversation téléphonique la nécessité d'une « transition démocratique » en appelant Damas à mettre fin à la violence. Les deux hommes qui ont souligné l'urgence de la situation, ont réitéré leur profonde préoccupation concernant l'usage de la violence par le gouvernement syrien contre les civils et leur conviction de la nécessité de répondre à l'exigence légitime d'une transition démocratique de la part du peuple syrien ».