La Syrie a promptement réagi accusant les Etats-Unis de «provocation» après les déclarations de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton affirmant que le président syrien Bachar Al-Assad avait perdu sa légitimité et n'était pas «indispensable». «La Syrie souligne que la légitimité de sa direction politique n'est basée ni sur les Etats-Unis ni sur d'autres, et qu'elle se fonde exclusivement sur la volonté du peuple syrien», a répondu le ministère syrien des Affaires étrangères rejetant vigoureusement les propos de la secrétaire d'Etat américaine. Le ton a tendance visiblement à monter entre d'un côté les Etats-Unis et la France et de l'autre la Syrie qui fait face à des troubles internes faisant ébranler le régime en place. Washington et Paris ont fermement critiqué Damas après que des manifestants syriens eurent attaqué les ambassades de France et des Etats-Unis à Damas lundi, causant des dégradations matérielles. Ils protestaient contre le déplacement impromptu jeudi des ambassadeurs américain et français dans la ville de Hama où ont eu lieu ces derniers jours les manifestations les plus importantes depuis le début des événements en Syrie il y a quatre mois. L'attitude des deux diplomates est jugée inacceptable dans un pays déjà fragilisé par une crise politique extrême. La France dont les relations avec la Syrie se sont pourtant raffermies récemment, a estimé que le président syrien Bachar Al-Assad avait «franchi toutes les limites» et que les attaques contre les ambassades montraient que «ce régime est dans une fuite en avant». Pour Paris «le silence» du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie devient «insupportable.» La France a présenté avec la Grande-Bretagne et l'Allemagne un projet de résolution pour condamner la Syrie auquel la Russie et la Chine s'opposent. Alliée de longue date de la Syrie, la Russie prône la non-ingérence dans les affaires de ce pays. Moscou dénonce régulièrement pour l'exemple la façon dont les Occidentaux appliquent la résolution 1973 sur la Libye. Une résolution qui a permis le 19 mars le déclenchement de bombardements sur le territoire libyen et qui n'ont rien réglé. Les responsables occidentaux répètent cependant que la situation des deux pays n'est pas comparable et qu'il n'est pas question d'une intervention militaire en Syrie. La situation en Syrie est en effet plus complexe. Le régime semble piégé dans sa propre logique. Les militants pour la démocratie sont «catégoriquement» opposés à toute intervention militaire étrangère, tout en demandant davantage de pressions sur le pouvoir pour qu'il lâche du lest. Des ONG syriennes ont dans le même temps appelé à la libération et à l'indemnisation des militants encore détenus. Le dialogue national - pour l'heure cahoteux- que souhaite entamer le régime, pour se sortir de l'impasse, devrait débuter «le plus rapidement possible», ont annoncé les participants aux réunions préparatoires. M. B.