Le chant mystique connu sous le nom de «Samaâ soufi» a fait une incursion remarquée cette année au Festival Aïssaoua de Constantine dont la 9e édition s'est ouverte jeudi dernier. La troupe «Achiqi Mohamed» de Syrie, qui prend part à la manifestation, a donné samedi dernier au Palais de la Culture Malek-Haddad, un beau spectacle de ce genre musical inspiré de la tariqa «El Mawlawiya», fondée par le grand mystique Djallal-Eddine Erroumi de Kounia, en Turquie, et propagée en Syrie par les Ottomans, il y a de cela plus de 400 ans. Le spectacle a permis au public de découvrir et d'apprécier la danse rituelle des Mawlawiya, plus connue sous le nom de la danse des derviches tourneurs. C'est une autre forme de danse de transe que celle des Aïssaoua. Elle a focalisé toute l'attention de l'auditoire, épaté par les performances du danseur qui, telle une soucoupe volante, donne l'air de s'envoler, sa robe longue et ample lui servant d'ailes. Contrairement au chant Aïssaoua, considéré aujourd'hui dans la majorité des cas au Maghreb, comme un legs, un patrimoine et une pratique musicale plus qu'un ordre religieux, le «samaâ soufi», transmis de génération en génération en Syrie, demeure toujours couplé avec l'ordre des Mawlawiya, affirment les membres de la troupe «Achiqi Mohamed». Les jeunes membres de la troupe expliquent leur venue à ce chant par le fait qu'ils soient tous issus des vieux quartiers de Damas, où ils ont grandi et où les zouias Mawlawiya sont toujours très actives et œuvrent à la perpétuation de leur héritage spirituel et artistique. «Nous avons fait des tournées dans des pays des cinq continents où notre art a été très bien accueilli, mais malheureusement le problème du visa est un grand obstacle pour notre déplacement au sein du monde arabe», regrette Mohamed Abdeldjamel, le «danseur étoile» de la troupe «Achiqi Mohamed».