Quelque 10 à 15% des fumeurs peuvent arrêter de fumer grâce aux mesures persuasives et dissuasives prises sur les plans politique, économique et social, a indiqué hier à Alger le professeur Salim Nafti, chef du service pneumologie et phtisiologie au CHU Mustapha-Pacha. «Avec des mesures politiques, économiques et sociales, nous pouvons arriver à persuader de 10 à 15% de fumeurs d'arrêter cette pratique très dangereuse et nocive à leur santé», a expliqué le spécialiste au cours de la troisième et dernière journée des travaux du 10e Forum national de formation médicale continue organisé par la Revue médicopharmaceutique (RMP). A ce titre, il a souligné que l'augmentation de la taxe sur le tabac a dissuadé quelque 4% des fumeurs à arrêter de fumer, la politique non-fumeur qui se caractérise par la suspension totale des publicités liées au tabac a réussi quant à elle à convaincre 3,8% des fumeurs. L'éducation sanitaire et la sensibilisation ont réussi à dissuader 3,4% des fumeurs, tandis que les médecins et praticiens ont réussi de leur côté à convaincre de 1 à 2% de leurs patients. «Nous devons agir rapidement et efficacement afin de faire face aux dangers liés à la consommation du tabac», a-t-il recommandé. Il a rappelé, à ce propos, que 15.000 personnes meurent chaque année en Algérie en raison de la consommation du tabac dont la prévalence se situe en milieu de jeunes. «Chaque année, 30.000 nouveaux cas de cancer liés à la consommation du tabac sont enregistrés», a-t-il relevé tout en soulignant qu'«entre 1985 et 2005, une augmentation de 50% des cas de cancer lié au tabac a été enregistrée». Le Pr Nafti a expliqué que «la prévalence a doublé en 20 ans», estimant que si «nous persistons dans cette voie, nous compterons en 2010-2015, 30.000 cancers de poumons et 70 à 100.000 cancers toutes maladies confondues». Les résultats d'une enquête établie par le secteur sanitaire de Hussein Dey ont dévoilé l'existence de sujets fumeurs âgés de 6 ans et consommant régulièrement de 4 à 6 cigarettes par jour, ce qui montre «l'ampleur du danger et la nécessité d'une réelle prise en charge des pouvoirs publics pour ce problème», a-t-il encore recommandé. Lors des débats, les participants ont abordé l'importance de l'application stricte des lois portant interdiction de fumer dans les établissements scolaires, les places publiques fermées, les magasins et les moyens de transport. Ils ont, en outre, examiné plusieurs thèmes relatifs à la consommation de tabac dans les lieux de travail et les maladies professionnelles soulignant que les fumeurs sont les plus exposés à ce genre de maladies notamment les cancers du poumon et de la prostate.