Quelque 15 000 personnes meurent chaque année en Algérie en raison de la consommation du tabac, dont la prévalence se situe en milieu de jeunes, ont relevé les participants à la cérémonie de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le tabac, organisée hier à Alger. “En Algérie, nous enregistrons 15 000 décès par an dus à la consommation du tabac”, a indiqué le Pr Salim Nafti, chef de service pneumologie et phtisiologie au CHU Mustapha-Pacha, lors de cette journée organisée au siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, précisant que parmi ces décès, “7 000 personnes meurent suite à un infarctus du myocarde, 4 000 suite à un cancer du poumon et 2 000 autres d'insuffisance respiratoire”. Il a ajouté que, “chaque année, 30 000 nouveaux cas de cancer liés à la consommation du tabac sont enregistrés”, soulignant qu'“entre 1985 et 2005, une augmentation de 50% des cas de cancer lié au tabac a été enregistrée”. Le Pr Nafti a expliqué que “la prévalence a doublé en 20 ans”, estimant que si “nous persistons dans cette voie, nous compterons en 2010-2015 30 000 cancers de poumon et entre 70 000 à 100 000 cancers, toutes maladies confondues”. Se basant sur des statistiques réalisées en 2006, il a également indiqué que la répartition des fumeurs fait ressortir que 44% sont des hommes, 6% des femmes et 5% ont moins de 15 ans, appelant ainsi à “prendre en charge ce phénomène”. Dans sa communication sur “la situation épidémiologique et plan d'action de prévention et de lutte contre le tabac”, le Dr Tarfani, de la Direction de la prévention, a relevé que la prévalence de la consommation du tabac chez les 25-65 ans est de 19,8% en Algérie, annonçant la création du Comité national de lutte contre le tabac et la mise en place de 51 consultations de tabacologie au niveau national. “L'objectif consiste à réduire la prévalence du tabagisme d'au moins 5% par an chez la population générale et de 10% chez les jeunes, tout en assurant la protection des non-fumeurs”, a indiqué le Dr Tarfani. Le Dr Adjeb, sous-directeur de la santé scolaire au ministère, a pour sa part mené une enquête sur le tabagisme en milieu scolaire dans les wilayas de Sétif, Constantine et Oran auprès d'élèves âgés de 13 à 15 ans dans 75 collèges d'enseignement moyen (CEM). Il ressort de cette enquête, qui a concerné 7 486 élèves, que “la prévalence du tabagisme chez les jeunes garçons n'est pas à négliger”, recommandant notamment “l'interdiction de la vente des produits de tabac aux enfants et adolescents, ainsi que le développement par l'éducation sanitaire, l'information et la sensibilisation des capacités des élèves à même de se défendre contre la tentation de fumer”. Le ministre du secteur, M. Amar Tou, présent à la célébration de cette Journée mondiale de lutte contre le tabac, a estimé dans son intervention que le problème du tabagisme “doit être traité dans sa globalité, en amont et en aval, c'est-à-dire au niveau de sa culture et son industrie, bien que cela soit difficile au vu des enjeux et intérêts économiques”. Dans un message du directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Afrique, lu par le représentant de l'OMS à Alger, cette organisation a lancé un appel aux “Etats membres et aux responsables politiques pour qu'ils interdisent, par voie législative, toutes formes de publicité et de promotion des produits du tabac, ainsi que toutes formes de parrainage d'activités par l'industrie du tabac”. Synthèse R. N./APS