Abu Abdallah Mohammed Ibn Mohammed Ibn Idris al-Ali bi-amr Allah al-Idrissi dit al-Idrissi né à Sebta vers 1100, mort vers 1165, il est le géographe arabe le plus connu en Occident médiéval. Pharmacologue et géographe, il doit sa renommée à la rédaction du célèbre «Livre de Roger», Kitab Rujar. Tout part de la réalisation d'un grand planisphère en argent commandé à al-Idrissi par Roger II, roi de Sicile, qui lui demande par la suite d'en rédiger le commentaire. Ainsi fut composé «L'Agrément de celui qui est passionné pour la pérégrination à travers le monde», le «Kitab Nuzhat al-mushtaq fi-khtiraq al-afaq», plus connu sous le nom de son royal commanditaire. Le livre développe tout ce que la carte ne pouvait traduire : la description de la nature, des distances, des récoltes, des commerces, des habitations et des constructions. Al-Idrissi serait attaché à la famille du Prophète (QSSSL), étant nommé descendant d'Abu Talib, oncle du Prophète (QSSSL), de Alawi, descendant de Ali, et encore de Hassani, descendant de Hassan, dont il est fait mention par trois fois dans ses nisbas. Issu d'une famille marocaine remontant à Idris, d'où son nom Idrissi, il est Hammudi, membre de la branche ibérique des Idrissides. Né probablement à Ceuta aux alentours de 1100 alors sous la domination de l'empire almoravide, il apparaît bien connaître l'Espagne, et il est entendu aujourd'hui qu'il a certainement effectué ses études à Cordoue alors centre intellectuel de l'Islam occidental. Au vu de la rédaction du Kitab et de ses précédents ouvrages de botanique, al-Idrissi possède une solide culture en médecine ; il connaît bien les plantes, les poisons et les poudres dont il sait les qualités spécifiques, pharmacologiques et aphrodisiaques. Il connaît un peu le latin, parle grec, et semble avoir beaucoup voyagé en Méditerranée. Le manque de sources fiables nous invite néanmoins à rester prudent sur les destinations et escales de ce grand voyageur. Selon l'introduction du Kitab, al-Idrissi serait certainement arrivé en 1139 en Sicile, le travail de collecte ayant duré quinze ans avant la mise en œuvre et donc la rédaction du célèbre ouvrage. Ainsi al-Idrissi commence à rédiger le Kitab sur ordre du roi en 1154, un mois et demi avant la mort de Roger. L'ouvrage sera achevé sous Guillaume Ier, probablement vers 1157, date après laquelle on perd complètement la trace d'al-Idrissi. Il serait mort vers 1165. Al-Idrissi est d'abord l'héritier de la tradition des géographes arabes, il est l'archétype parfait de ces écrivains et savants qui maintinrent vivace la culture arabe et ses traditions dans la Sicile des rois normands. Roger II, quant à lui, illustre à merveille l'image du souverain savant, protecteur des arts et des savoirs, pragmatique dans la gestion de ses territoires et cherchant à affirmer le rayonnement culturel et scientifique de Palerme et la place privilégiée de la Sicile. Le travail du savant musulman est en droite ligne des traditions des géographes arabes mêlant l'étude technique et géographique comme politique et «culturelle» d'un territoire. Dans son prologue, al-Idrissi se rapporte directement à douze livres arabes ; il cite ainsi dans le texte les ouvrages de Ptolémée (IIe siècle ap. J.-C.) perdu dans l'Europe occidentale mais préservé dans le monde musulman grâce à une traduction en arabe, d'Ibn Khurradadhbih (de Baghdad, IXe siècle), de Jayhani (Livre des routes et des pays, Xe siècle), de Qudama (Xe siècle), de Hasaan Ibn al-Mundar (Espagne, vers 950), de Mas'udi (Livre des merveilles, Xe siècle), d'Ibn Hawqal.