Nasreddine Cheklel, président de l'association El Irchad oua El Islah, passe le plus clair de son temps à servir les nécessiteux en respect à la vocation initiale de l'organisation qu'il dirige depuis des années maintenant. Durant ce mois, il se rendra même en Somalie pour apporter une aide à cette population rongée par la faim et la soif. Qui dit Ramadhan dit solidarité par excellence… J'affirme effectivement que tout musulman qui se respecte se doit d'avoir une pensée pour son voisin, son ami qui ne travaille pas, son cousin qui n'arrive pas à subvenir à ses besoins... enfin, aux démunis impuissants devant toutes les dépenses qu'implique ce mois sacré. En plus de mon travail journalier tout au long de l'année, durant le Ramadhan, l'association accélère la cadence pour aider le maximum de pauvres par conscience religieuse. Je viens de rentrer de la Somalie pour laquelle nous avons acheminé, en collaboration avec des hommes d'affaires, 900 tonnes de produits alimentaires. Le Somalien est pauvre et on doit soulager sa souffrance, même à travers un infime soutien, dont la portée est lourde de sens. Etes-vous du genre à changer de tempérament durant le mois sacré ? Je suis égal à moi-même durant le Ramadhan. Il ne m'influence guère. C'est comme pendant toute l'année. Le jeûne m'apporte énormément de joie. Rien ne vaut le fait de se coucher le soir en ayant le sentiment d'avoir accompli un devoir des plus précieux envers Dieu. Tout est éphémère dans cette vie. Alors autant en profiter pour glaner le maximum de «hassanate» durant ce mois de rahma et de piété. J'ai toujours été un homme dévoué à mon pays et à ma société, surtout à l'égard des franges vulnérables. Mon travail me procure beaucoup de bonheur, dans la mesure où il me permet d'être utile et serviable. Et la famille dans tout cela ? C'est vrai, mes enfants subissent mon absence, mais ils comprennent. Quand je suis avec eux, je leur fait tout oublier. J'essaye de les choyer comme je peux. Mon épouse, sur le plan culinaire, assume parfaitement à la maison le rôle de ministre de l'Intérieur. Je veille à ce qu'elle ait le moins de charges possibles. Les courses, je l'ai fait une fois tous les quinze jours au marché de Ben Omar. D'autant plus que je ne suis pas du genre à demander l'impossible à mon épouse. La chorba, cependant, doit être visible sur la table d'El Iftar. Vous accordez du temps à votre spiritualité ? Bien évidemment. J'accomplis les prières surérogatoires (tarawih) et je rentre juste après à la maison pour me coucher jusqu'au s'hour. Je tiens à respecter cette précieuse «sunna» du Prophète Mohamed (QSSSL). J'estime, cependant, que les sages ainsi que les hommes de culte ont un énorme rôle à jouer pour assagir les futures générations, victimes de moult tentations. Vivant constamment en communion, on se doit d'aider les nécessiteux que la vie n'a pas beaucoup gâtés. La solidarité incombe au peuple et non à l'Etat. Le vrai musulman ne vit pas uniquement pour lui. Il est souvent appelé à renoncer à ses désirs au profit de ses semblables. L'estime de Dieu doit être amplement méritée.