L'humour se fane au gré des années qui ont vu naître la chanson satirique. L'homme qui a gravi le promontoire de la parodie a tiré sa révérence à l'âge de 90 ans. C'est en son domicile à El Madania où il est né en 1921 que Amar Ouhadda a rendu l'âme. L'artiste qui était doué pour la chanson, la comédie et plus particulièrement la parodie, avait rejoint la troupe théâtrale populaire dans les années 1970 aux côtés de Hassan El Hassani, Tayeb Abou El Hassan, Sissani et Mahboub Stambouli. Cette équipe de comédiens itinérants avait sillonné toute l'Algérie pour des représentations dans les villages les plus reculés et dans le Sahara afin de rapprocher le théâtre des citoyens. Elle était composée de grands comédiens, musiciens et chanteurs tels que Zoubida, Warda Amel et Rachid. Il faut noter que plusieurs artistes ont fait leur début sur scène au sein de cette grande troupe de théâtre dont le chanteur Abdelmadjid Meskoud qui a percé plus tard dans le monde de la chanson chaâbi. Amar Ouhadda, qui était parmi les plus grands chanteurs fantaisistes des années 1960-1970 aux côtés de Djaâfer Beck et bien d'autres, avaient fait un tabac avec ses grands succès : «Guerrouma Ou Guerroum» et «Yé Yé». Sur les planchers, Amar Ouhadda a transcendé dans ses parodies par des petites opérettes tels «Sidi Belgacem le bourgeois». Il avait pratiquement joué dans toutes les pièces de la troupe TTP dont Oum Ethouar. Avec la fin de cette troupe qui souffrait du manque de subventions et ne vivait que de faibles rentrées d'argent, Amar Ouhadda a été malheureusement marginalisé par tout le secteur culturel. Depuis le début des années 1980, on ne l'a pratiquement plus revu sur scène, ni à la télévision. Ouhada s'est toujours «ri» des phénomènes sociaux notamment, en dénonçant avec dérision le quotidien et la vie du citoyen.». Ouhada, cet enfant de Belcourt, a entamé sa carrière très jeune ; il a fredonné ses premiers airs adolescent alors qu'il était scout, avec ce premier avènement de la lutte nationale, «Hizb echaâb» (Le PPA : Parti populaire algérien)… une prise de conscience à laquelle le jeune Belcourtois sera sensibilisé. Qui fera de lui plus tard un artiste engagé. Avec une carrière des plus fulgurantes et un parcours des plus révélateurs. Avec en parallèle cet engagement indéfectible pour la lutte nationale, sa participation inéluctable à la guerre de Libération, avec son militantisme qui l'a mené droit en prison. A toute cette donation de soi, aucun retour d'écoute. Pas même une carte de moudjahid. Amar Ouhada quitte ce bas monde à la fin d'un cheminement qui mérite beaucoup mieux.