Débat vieux comme le monde, mais rarement chez nous la question de la séparation de l'ordre du religieux et de l'acte politique n'a été aussi subtilement analysée. C'est-à-dire dans le sens où la parole est donnée à un éminent anthropologue algérien, professeur de sociologie à l'Université de Perpignan en France jeudi dernier au cours d'une conférence intitulée «Fonction prophétique et fonction politique» au Centre culturel français d'Alger. Sans toutefois s'immerger dans les profondeurs abstraites et des conceptions philosophiques mises en avant tout au long de l'intervention, l'universitaire est, en somme, allé chercher loin dans les histoires des prophètes, citant les textes sacrés, les témoignages de différents exégètes, pour appréhender l'origine de cette dualité religion-politique, dont l'équation reste à ce jour sans solution. Sources de conflits, de guerre, et de tragédies humaines notamment au cours du 20e siècle. A propos du monde musulman, en Egypte notamment, l'universitaire cite de nombreux religieux qui, contre vents et marées, se sont élevés contre l'immixtion entre les deux ordres. Des exégètes contemporains dont certains comme Mohamed Said El Achmaoui, ou encore Nasser Abou Zayd, furent placardés par les gardiens du temps de l'orthodoxie religieux, ainsi que par de nombreuses officines islamistes qui, par exemple, ont mis à prix la tête d'Abou Zeyd, dont le «sacrilège» a été de plaider pour mettre fin à l' «amalgame» entre le sacré et le profane. Ainsi donc, durant plus d'une heure, le conférencier s'est fait un malin plaisir à examiner la réalité et le devenir de cette séparation pour les uns, complémentarité pour les autres, du religieux et du politique dans les écritures des trois religions monothéistes (Judaïsme, christianisme et Islam) et leurs pratiques. Pour la petite bio, résumée dans la notice publiée par le Centre, Ahmed Ben Naoum est également responsable du groupe de la recherche « SALAM » (Sociologie et Anthropologie des Labilités Altérités et Mobilités) à la même université. Il est en outre, chercheur associé au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) d'Alger.