Une ville fondée par Slimane Ben Rabéa et Sidi Thameur Ben Ahmed El Fassi. Beaucoup d'historiens se sont intéressés aux origines des populations et à la ville en elle-même. Sa fondation remonterait, disent-ils, «au lendemain de la reconquista espagnole de l'Andalousie au 15e siècle et à l'avènement du beylicat d'Alger. Ce sont les chefs spirituels venant d'Andalousie, Sidi Slimane Ben Rabéa et Sidi Thameur Ben Ahmed El Fassi qui achèteront à une tribu des Bedarna (une branche des Ouled Naïl) un lopin de terre aux abords d'un oued et aux pieds du mont du Hodna et y édifieront les premières maisons et la mosquée Ennakhla. La légende rapportée par les anciens voudrait qu'à la chute de Cordoue en 1492, les habitants d'un des quartiers de la ville, avant de se quitter, se seraient promis de se retrouver un jour et de le reconstruire. Sidi Thameur et Sidi Slimane auraient réalisé leur vœu. A partir du 11e siècle, la région devient un lieu de croisement d'importantes routes commerciales menant en Afrique, en Andalousie, à Bagdad et à Damas. Avec sa zaouïa d'El Hammel affiliée à la Rahmania fondée par Sidi Mohamed Ben Belkacem, Boussaâda joue un grand rôle dans le rayonnement de la pensée et la sagesse. Isabelle Eberhardt, Guy de Maupassant ainsi qu'André Gide lui consacrent de belles pages dans leurs écrits respectifs. Quant au peintre français Etienne Dinet, il disait dans l'un des ses écrits, «Boussaâda mérite son nom plein de promesses ; si le paradis est dans le ciel, certes il est au-dessus de ce pays, s'il est sur terre, il est au dessous de lui». Il n'y a pas que Dinet qui ait succombé aux charmes de la ville, d'autres peintres se sont entichés de Boussaâda tel le peintre flamand Edouard Verschaffelt (1874-1955) qui y est enterré. Il eut deux enfants issus de son mariage avec une femme de la tribu de Sidi Brahim. Aujourd'hui, l'avancée du béton relègue au second plan le confortement de la vieille médina qui dépérit à vue d'œil. Certaines bâtisses menacent ruine, les 300 familles qui sont restées sur place et qui n'ont pas où aller sont inquiètes. «Une antenne de l'Unesco chargée de superviser la restauration de la ville est fermée depuis plusieurs années», nous explique M. Amar Doufi, un locataire de Hai Chorafa, et membre d'une association qui milite pour la poursuite des travaux. Des traces d'assainissement sont visibles et les allées ont reçu, comme on a pu le constater, des chapes de béton pour éviter que l'eau ne creuse les fondations. Un bureau d'études a pourtant été chargé des travaux.